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En cette fin d'année, Raoul Hedebouw a confié son Regard sur 2024. Le président du PTB a vécu une année historique marquée, notamment, par l'entrée de son parti dans certaines majorités locales, ainsi que par le décès de son papa.
Raoul Hedebouw, président du PTB, a qualifié l’année 2024 d’"année de victoire" lors d’un entretien exclusif avec Martin Buxant. Selon ses mots, cette année fut marquée par des avancées politiques majeures pour son parti, notamment sa participation inédite dans plusieurs majorités locales, telles qu’à Mons, Forêt et Molenbeek. "Beaucoup attendaient que nous puissions montrer que nous savons aussi prendre nos responsabilités." Cette inclusion dans les gouvernances locales reflète pour lui un tournant historique après des années passées dans l’opposition. "Nous voulions démontrer que si nous sommes capables de porter des combats sociaux depuis l'opposition, nous sommes tout aussi capables de gérer. C’est un objectif réalisé."
Des changements nécessaires
Cette transformation politique a nécessité des ajustements stratégiques au sein du parti, notamment sur la manière d'aborder les collaborations locales. Hedebouw souligne que ces alliances ont reposé sur des programmes concrets et locaux, sans diluer les principes fondamentaux du PTB. À Mons, par exemple, un des principaux projets adoptés concerne la construction de 200 logements publics, témoignant de la priorité accordée à la question du logement par son parti. "Ce n'est pas avec des grands programmes nationaux qu'on pouvait trouver une entente locale", argumente-t-il, saluant le travail de figures telles que Céline De Bruyne ou Simon Debert qui ont mené des discussions approfondies avec leurs partenaires sur le terrain. Ce pragmatisme a visiblement porté ses fruits, permettant de briser le fameux "plafond de verre" politique qui confinait jusque-là le PTB à un rôle d’opposition contestataire.
Sur le plan national, l'année a également marqué une solide avancée pour le PTB en Flandre, une région où le parti a doublé son nombre d’élus au Parlement flamand. Cette percée témoigne, selon Hedebouw, d'une demande d'alternatives politiques à gauche dans une région souvent associée à la droite. "Nous avons prouvé qu’il y a une place pour une vraie gauche en Flandre, mais cela demande un énorme travail", explique-t-il, ajoutant qu’il suit quotidiennement la presse flamande pour s’adapter aux réalités spécifiques de chaque région. Malgré les différences culturelles et politiques entre Wallonie et Flandre, le président du PTB affirme que "le style Raoul passe à fond dans les deux régions", en partie grâce à sa capacité à switcher entre les deux langues nationales, un atout qu’il juge rare en politique belge actuelle.
L'année 2024 fut également marquée par des rencontres marquantes sur le plan international. Hedebouw raconte avec émotion son échange avec Sean Fane, syndicaliste américain dans l’industrie automobile, dont les luttes pour de meilleures conditions de travail l'ont profondément inspiré. "Il m’a touché par son combat acharné, c'est un modèle de détermination", partage-t-il. Ces échanges internationaux renforcent, selon lui, le réseau de solidarité et de camaraderie entre les militants de gauche à travers le monde. Hedebouw insiste sur la dimension universelle de ces combats pour la justice sociale : "La camaraderie dépasse les frontières nationales. Qu’il s'agisse de syndicalistes italiens, belges ou américains, nous partageons ce même engagement à améliorer la condition des travailleurs."
Une disparition qui resserre les liens
Sur un plan plus personnel, l’année fut marquée de douleurs mais aussi d’introspection. Hedebouw confie s’être retrouvé confronté à une tragédie personnelle avec le décès de son père. "C'était un homme formidable, il m’a transmis des valeurs grandes comme un cœur", dit-il, visiblement ému. "On s’est tout dit juste avant qu’il ne parte. Il était fier des luttes que je mène, y a pas un instant que je pense pas à lui", confie encore le Liégeois.
Cet événement a profondément influencé sa vision de la vie et de ses responsabilités, tant en famille que dans son rôle politique. "Je porte sa flamme dans mon cœur chaque jour", déclare-t-il, insistant sur l’importance des valeurs familiales qui continuent à guider son action publique. Il explique également que ce décès a renforcé ses liens avec ses proches et lui a offert une opportunité de recentrer son énergie.
Des projets ambitieux pour la suite
Sur le terrain politique, Hedebouw met également en avant les défis restants du PTB, notamment son implantation limitée dans les zones rurales. "Nous devons renforcer notre présence dans des régions comme le Luxembourg, le Brabant wallon ou encore les cantons germanophones", admet-il. L’objectif est de mieux représenter ces territoires tout en restant fidèle à l’éthique du parti. À cet égard, il reconnaît que la base militante du PTB est encore concentrée dans les grandes villes ou les centres industriels. Ces limites géographiques constituent une priorité pour les futures campagnes du parti, dit-il.
En parallèle, 2024 a permis des dialogues plus nuancés avec le patronat, notamment des PME et les secteurs comme l’Horeca, fortement touchés par les crises récentes. Raoul Hedebouw rapporte avoir constaté la pression économique croissante sur ces petites entreprises, piégées entre les grandes multinationales et les contraintes fiscales. "Nos systèmes fiscaux sont trop orientés vers les grandes entreprises, alors que les petites entreprises peinent à survivre", analyse le président du PTB, appelant à une révision des politiques d’aides et de taxation pour mieux soutenir ce tissu économique essentiel.
Plus d’armes ne créent pas la paix, elles créent la guerre
Toujours proche des citoyens, Raoul Hedebouw a également fait renaître son format numérique interactif "Raoul part en live", qui a suscité un engouement notable en réunissant des milliers de participants. "C’est une manière directe de rester connecté aux préoccupations de la population", explique-t-il. Ce projet reflète son désir d’un dialogue constant avec les citoyens, tout en utilisant les nouvelles technologies pour moderniser la communication politique. Cette capacité à être à l’écoute a d’ailleurs permis au PTB de continuer à progresser en adhésion, franchissant cette année le cap des 28.000 membres.
Enfin, Raoul Hedebouw reste un fervent défenseur de la paix mondiale. Lors des fêtes de fin d'année, il appelle à "privilégier le dialogue et non la surenchère militaire", mettant en garde contre les dangers d'un réarmement global. Pour lui, Noël est l’occasion de rappeler que "plus d’armes ne créent pas la paix, elles créent la guerre", une posture qui s’inscrit dans sa vision d'une politique internationale éthique et humaine.
Malgré les défis de 2024, Raoul Hedebouw entame 2025 avec une énergie renouvelée, prêt à poursuivre ses combats tant pour son parti que pour les valeurs qui lui sont chères.