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Dès la rentrée prochaine, l’usage récréatif des smartphones sera interdit pour tous les élèves, de la maternelle à la 6è secondaire, aussi bien en Wallonie qu’à Bruxelles. L’objectif de cette décision est multiple : améliorer la concentration ou encore prévenir le cyberharcèlement. Certaines écoles l’appliquent déjà depuis an.
Déposer son téléphone dans une boîte en arrivant à l’école, ou le laisser ranger dans son sac toute la journée, c’est une réalité depuis septembre. Pour les 546 élèves de l’Institut Sainte-Marie à Châtelineau, interdiction d’utiliser son smartphone à l’école : pas si simple de s’en détacher et pourtant tellement libérateur.
«Je trouve que c’est mieux, ça aide à se concentrer en classe, on n’a pas envie d’aller sur son téléphone. Ça évite aussi les élèves qui prennent en photo les profs, le harcèlement et tout ça», note une élève. «On se renforce tous parce que le fait qu’on n’utilise plus le téléphone, on se parle tous, on est plus sociable, et du coup ça renforce plus les liens et on se réunit plus», pointe un camarade.
Un sentiment paradoxal, car une fois les cours terminés, tous reprennent leurs habitudes bien ancrées. «Je crois que quand on sort de l’école on reprend notre téléphone parce que la génération de maintenant, on vit avec, mais c’est sûr que à l’école ça nous fait du bien de ne plus l’avoir», analyse une autre élève.
C’en est devenu un véritable réflexe. D’ailleurs, les éducateurs et les professeurs peinent à faire respecter cette interdiction. «Il y a toujours cette recherche d’aller dans un lieu où nous ne pouvons pas y aller. Je pense aux toilettes, aux intercours dans les couloirs, il y a toujours cette recherche évidemment de l’interdit où là l’élève va pouvoir utiliser son GSM, ça c’est sûr et certain», estime Stefano Bonté, professeur de sciences humaines.
La directrice a conscience des difficultés à faire perdre ses habitudes aux élèves. Malgré tout, elle tire en cette fin d’année un bilan plus que positif. Les jeunes sont plus concentrés en cours, les problèmes de harcèlement sont moins fréquents et surtout les interactions sociales sont renforcées.
Zahra a connu un drame en 2020. Sa fille de 14 ans, victime de cyberharcèlement, s’est suicidée. Pour cette maman, également enseignante, supprimer le smartphone n’est pas suffisant. «Ça doit s’accompagner d’autres mesures, une éducation aux médias, une citoyenneté numérique, un bon usage de ces outils numériques. Se dire on interdit le téléphone portable et ça va résoudre le problème du cyberharcèlement, pour moi c’est utopique. Il ne faut pas prendre ces solutions-là comme une solution miracle, ça doit s’accompagner d’autres mesures concrètes mais vraiment d’éducation à un bon usage de ces outils numériques», estime-t-elle.
Des mesures fortes sont en effet cruciales aujourd’hui. Pour Bruno Humbeeck, psychopédagogue, l’apprentissage des plus jeunes en dépend. «Sur les smartphones qui sont des capteurs d’attention, qui ont été mis en place par des professionnels qui ont fait de l’attention humaine un objectif de commerce finalement, forcément si vous ne laissez pas à un moment donné une chance à l’attention de se mobiliser pour les matières scolaires, vous risquez à ce moment-là d’avoir des déficits d’apprentissage qui vont souvent pénaliser les enfants les plus en difficulté»,note-t-il.
Les écoles doivent mettre à jour leur règlement d’ordre intérieur avant le 25 août. Dès septembre, l’interdiction pour un usage récréatif des smartphones sera valable dans toutes les écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles.


















