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"Je suis obligé d'acheter du courant": pourquoi Christophe, propriétaire de panneaux photovoltaïques, voit son installation subitement se couper?

L’augmentation des coûts de l’électricité incite de nombreux Wallons à placer des panneaux photovoltaïques. Dans certains quartiers, l’augmentation du nombre de panneaux pose problème. Les onduleurs décrochent et l’installation ne produit plus de courant. Pour quelles raisons ? Quelles sont les solutions ?

Le soleil brille, les panneaux produisent... Et l'excédant d'électricité fait tourner le compteur à l'envers. Ça, c'est le monde idéal ! Mais parfois, les lois de l'électricité s'emmêlent. Par exemple : 3 maisons sont raccordées sur la même cabine électrique et tout va bien. Puis, deux voisins s'équipent également de panneaux. Il y a trop de courant injecté, la tension monte et finit par atteindre 253 volt, la limite à partir de laquelle l'électronique des panneaux - l'onduleur - se met en sécurité. "Si les onduleurs ne décrochaient pas, on observerait des tensions peut-être de 300 ou 350 volt au niveau du réseau basse-tension, et ça endommagerait le frigo, la télévision, les ordinateurs... branchés au réseau", explique Damien Ernst, spécialiste des réseaux électriques à l'Université de Liège.

Le phénomène se produit le plus souvent dans les campagnes, surtout pour les maisons en bout de ligne, les plus éloignées des cabines électriques. Depuis des années, Christophe se désespère de voir son ondulateur décrocher. "Vu toutes les pertes de production qui aujourd'hui se chiffrent à plus ou moins 50%, malheureusement, alors que je devrais être auto-suffisant, je suis obligé d'acheter du courant", regrette ce propriétaire de panneaux qui subit des coupures.

Il évalue la perte annuelle entre 2 et 3.000 euros. Parmi les propriétaires de panneaux photovoltaïques, combien subissent des décrochages ? Les gestionnaires de réseau ORES et RESA estiment, sur base des plaintes reçues, que 1% des installations en Wallonie sont concernées, soit 2.000 ménages.

Le village de Faimes, en province de Liège, est un point sensible. Pour limiter les décrochages, RESA veut faire de l'endroit une commune-pilote. Cela implique l'installation dans une majorité de maisons de compteurs intelligents. Toutes les 15 minutes, il envoie les données de production et de consommation. "On a à la fois les données d'injection, pour savoir combien le client injecte sur les réseaux. Mais aussi des données de tension et de fréquence. Grâce à ce diagnostic, on va pouvoir trouver le bon remède", explique Luc Warichet, directeur général adjoint chez RESA.

Le premier remède consiste, dans les cabines électriques, à équilibrer la charge entre les trois phases du courant triphasé. En clair, quelques rapides modifications de branchement peuvent déjà régler pas mal de problèmes.

La deuxième solution coûte beaucoup plus cher. "On doit investir dans le réseau, c'est-à-dire poser des câbles d'une section plus grande, mettre un transformateur plus important... C'est vraiment un investissement qu'on réalise sur le réseau", poursuit Luc Warichet.

Troisième solution : installer chez soi une batterie de stockage. Plus il y a d'habitations équipées, plus le risque de sur-tension diminue. Leur acquisition pourrait, comme c'est le cas en Flandre, donner droit à une prime. Mais il resterait encore plusieurs milliers d'euros à débourser. "Nous payons les panneaux, nous payons un tarif prosumer pour moderniser le réseau. Chez certains fournisseurs, nous allons devoir payer des tarifs d'équilibrage. On va peut-être nous donner un petit subside pour installer des batteries dans les quartiers problématiques. Donc on paye une fois, on paye deux fois, on paye trois fois, on paye quatre fois...", souligne Rémi Thirion, vice-président de l’asbl "beprosumer".

L'asbl "beprosumer" est en train, via son site internet, de recenser les problèmes de décrochage. Les chiffres pourraient être beaucoup plus importants que ceux annoncés par RESA ou ORES. Face au réseau électrique, les propriétaires de panneaux ne sont pas traités de façon équitable. Une action en justice est une option qui pourrait être envisagée. 

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Commentaires

10 commentaires

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  • "bactérie de stockage" ?

    Martin Cheffert
     Répondre
  • "petit subside pour installer des bactéries dans les quartiers problématiques" La correction automatique joue parfois des surprises. :)

    Sawo Hirishiwa
     Répondre
  • Troisième solution : installer chez soi une bactérie de stockage. Ce n'est pas des bactéries de stockage mais bien des batteries !! Deux fois dans l'article.

    Optimiste à Bruxelles
     Répondre
  • Encore une arnaque

    Denis Alain
     Répondre
  • Combien d'installateurs se sont fait des "gonades" en Platine ???

    Jean CARLIER
     Répondre
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