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"Je suis resté 24h sous terre" : médecin légiste lors des attentats du 22 mars, il raconte ce qu’il a vu à Maelbeek

Grégory Schmit, médecin légiste en Belgique, a vécu l'horreur des attentats du 22 mars 2016 de l’intérieur. Il revient sur cette journée qui l’a profondément marqué.

Grégory Schmit exerce comme médecin légiste dans la région de Bruxelles et du Brabant Wallon. Il a travaillé sur de nombreuses affaires marquantes, dont l'autopsie des cinq enfants de Geneviève Lhermitte.

Mais c’est bien l’attentat du 22 mars 2016 à la station de métro Maelbeek qui l’a le plus bouleversé, tant humainement que professionnellement.

"Une scène de guerre"

Présent sur les lieux dès les premières heures, il se souvient : "Je suis intervenu dans le métro Maelbeek. Ça m'a marqué par l'ampleur de la situation". Sur le plan professionnel, "c'est la première fois que j'avais à gérer une scène de catastrophe. Une scène de guerre, on peut le dire."

Il décrit une atmosphère irréelle, figée dans l’horreur : "Je suis resté 24h au sous-sol dans la station de métro avec les GSM des personnes décédées, des personnes qui avaient abandonné leurs affaires en fuyant, qui sonnaient, avec l'alarme du métro qui sonnait en permanence, avec cette odeur de fumée également".

Outre cela, ce qui a impacté le médecin légiste, c'est également "l'importance des décès et les dégâts sur les corps."

Des résurrections ? "Sur papier, peut-être"

Interrogé sur les cas de "résurrections", Grégory Schmit précise que ce genre de scénario ne s’est jamais produit sous sa responsabilité directe : "Il n'y a aucun mort qui s'est réveillé dans mes mains. La procédure en Belgique est relativement stricte. Avant que le corps arrive dans les mains d'un médecin légiste, un autre médecin a déjà constaté le décès."

Cependant, il reconnaît que des erreurs de communication peuvent mener à des situations étonnantes : "On m'a déjà appelé pour un décès, et deux minutes après, on me rappelle pour me dire : 'Tout compte fait, il n'est pas tout à fait mort'. Ce sont des choses qui sont déjà arrivées, mais ils n'étaient pas dans mes mains. Sur papier, ce sont des résurrections."

Une septantaine de meurtres passeraient inaperçus chaque année

Le médecin légiste évoque également un phénomène préoccupant : le nombre de meurtres non élucidés en Belgique. "Il y a des meurtres non élucidés en Belgique, c'est clair. Donner un chiffre précis, c'est difficile. D’après des études universitaires, on parle d'une septantaine de meurtres par an qui passeraient inaperçus."

Pour améliorer la détection de ces crimes invisibles, il plaide pour un recours plus systématique à l’autopsie :"Toute personne qui décède en dehors d'un hôpital, à mon sens, devrait être autopsiée avec des examens toxicologiques."

Il rappelle que certains décès apparemment naturels peuvent en réalité cacher un homicide : "Ça m'est déjà arrivé de faire des autopsies où on partait pour une mort naturelle ou une overdose, et on découvre en fait un homicide : strangulation, suffocation... des causes criminelles totalement inattendues."

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