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L’industrie automobile européenne "a 10 ans de retard" sur l’électrique: la voiture européenne a-t-elle un avenir?

"L'essor des voitures chinoises est un coup dur pour l'industrie automobile et l'économie en général en Europe". C’est ce qui ressort du dernier rapport alarmant de l’assureur-crédit Allianz Trade. "Les trois voitures électriques les plus vendues en mai 2022 sont chinoises. Bientôt toutes les voitures viendront de Chine, qu'elles soient fabriquées par une marque chinoise ou bien qu'elles soient de marques américaines et européennes et fabriquées sur le sol chinois", affirme d’emblée Johan Geeroms, directeur de la souscription des risques au Benelux.

Comme mentionné dans un article précédent, des spécialistes estiment qu’un tiers de toutes les voitures vendues dans le monde pourraient être des voitures de marque chinoise d’ici 2030. L’Europe est par ailleurs devenue un marché d’exportation clé. D'après la Commission européenne, la part de la Chine dans les véhicules électriques vendus en Europe est passée à 8% et pourrait atteindre 15% d'ici 2025.

Les voitures électriques chinoises sont en effet très compétitives en termes de prix. Selon le quotidien français 'La Tribune', les modèles européens restent jusqu'à cinq fois plus chers. L'écart entre les prix moyens d'un véhicule électrique chinois et européen continue donc de se creuser sur le premier semestre 2023. 

L’Union européenne réplique : soupçons de concurrence déloyale

La réplique s’organise en deux temps. Le 4 octobre, Bruxelles a ouvert une enquête pour vérifier si l’interventionnisme de Pékin dans son industrie automobile ne nuit pas aux intérêts du Vieux Continent. La Commission européenne s’attaque ainsi aux subsides consentis par Pékin aux constructeurs établis en Chine pour inonder le marché européen. L’enquête devrait durer 13 mois.

Pour contrer cette offensive chinoise, les marques européennes tentent également de se démarquer sur le plan technologique. D’ici 2025, le constructeur Audi par exemple promet 10 voitures électriques. Actuellement, elle n’en commercialise que 3, dont la plus vendue coûte près de 58 400 euros. "La clientèle, ce sont surtout des personnes qui ont une voiture de société. Dans le futur, nous espérons que le prix des batteries va diminuer et que nous allons pouvoir proposer des modèles plus petits, plus accessibles", nous répond Sophie Luyckx, porte-parole de la marque en Belgique.

Ça commence à se développer, mais ça évolue lentement

À partir de 2024-2025, des marques européennes vont plus loin en commercialisant leur voiture électrique en dessous de 25 000 euros. "C'est ainsi qu'on verra par exemple arriver en 2024 des petites citadines électriques genre Citroën C3, Volkswagen, Fiat Panda, Renault 5, qui arrivent toutes avec un prix annoncé en dessous de 25 000 €, ce qui commence vraiment à être concurrentiel, moyennant une technologie électrique évoluée", nous apprend Xavier Daffe, rédacteur en chef du magazine 'Le Moniteur automobile'. Certaines promettent une autonomie électrique de près de 300 km, 320 km ou encore 350 km. 

Alors l’Europe rattrapera-t-elle le retard? "Ça commence à se développer, mais ça évolue lentement (…) Les Chinois ont encore quelques années devant eux", avance le spécialiste de l’automobile.  

Je pense que l’Europe n’a pas bien fait son travail

En revanche, le leader mondial de l’assurance-crédit se montre plus pessimiste. "Je pense que l’Europe n’a pas bien fait son travail (...) D’ici 2030, les constructeurs automobiles européens pourraient perdre collectivement plus de 7 milliards d’euros de bénéfices net annuels. C’est un montant très élevé", déplore Johan Geeroms, directeur de la souscription des risques au Benelux chez Allianz Trade.

Pour ce directeur, il faut avant tout des mesures politiques fortes pour aider l’industrie automobile européenne: maintenir l’assemblage en Europe et investir dans la technologie électrique. "Il est important que l’UE investisse de manière substantielle dans la technologie des batteries: produire du lithium pour son propre usage. Pour l’instant, la Chine a presque un monopole sur ce métal de lithium", ajoute-t-il. Aujourd’hui, 60 % des voitures électriques vendues dans le monde sont équipées d’une batterie chinoise.
 

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Commentaires

2 commentaires

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  • Bravo monsieur Vous avez résumé la situation en quelques mots Wargnies

  • L'Europe n'est pas le "vieux" continent pour rien, malheureusement nous sommes bloqué par une partie de la population, vieillissante et réfractaire au changement, qui freine toute avancée (ils préfèrent râler et/ou manifester pour les "acquis"...). Pendant ce temps, la Chine innove et imagine l'avenir. Du coup forcément quand finalement, les industries européennes s'y mettent, elles sont en retard...

    Thierry Frayer
     Répondre