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L’intelligence artificielle peut-elle poser un diagnostic médical fiable ? Nous avons fait le test avec un médecin

Par RTL info avec Cathline Delvaux et Michael Harvie.
De plus en plus de Belges consultent l’intelligence artificielle comme outil médical. Mais peut-on vraiment lui faire confiance ?

L’intelligence artificielle se glisse progressivement dans nos vies, et le domaine de la santé ne fait pas exception. Nombreux sont ceux qui sollicitent des outils tels que ChatGPT pour obtenir des diagnostics médicaux. Une simple énumération de symptômes suffit pour recevoir une réponse, mais que vaut réellement cette aide numérique ? RTL Info a mené l’enquête en confrontant les analyses de l’IA à l’avis d’experts médicaux.

Une première réponse « remarquable », voire « parfaite »

Dans un premier exemple, les journalistes soumettent l’image d’un bouton suspect sur une tempe à une intelligence artificielle. Le résultat est clair et précis, se basant sur les critères A, B, C, D, E largement utilisés dans le domaine médical. « La réponse, elle est parfaite, admet Alain-François Bleeckx, médecin généraliste. Elle est parfaite parce qu’il utilise les critères A, B, C, D, E qui sont validés, vraiment validés, que la plupart des généralistes utilisent, et il recommande de faire une dermoscopie. Mais la réponse, elle est remarquable. »

La seconde expérience est moins convaincante : l’IA montre ses limites

Cependant, tous les résultats produits par l’IA ne semblent pas aussi fiables. Dans une deuxième expérience, les difficultés respiratoires d’un patient après un vol en avion ont été soumises à l’intelligence artificielle. Bien que la réponse fournie soit détaillée, elle comporte des lacunes importantes. « À ma connaissance, l’air un peu sec ne va pas donner un essoufflement quelques jours après un vol. », contredit Alain-François Bleeckx, médecin généraliste. Ce manque de nuances et la surabondance d’informations, parfois inexactes, ont été pointés du doigt.

L’IA se base sur une étendue d’informations dont beaucoup sont incorrectes

L’une des principales limites de l’intelligence artificielle dans ce domaine est l’accès limité aux informations de qualité. Les bases scientifiques auxquelles elle se réfère sont souvent protégées par un mot de passe, ce qui restreint la fiabilité de ses analyses. « C’est ça le problème, c’est qu’il y a beaucoup plus de forums qui ont des revues scientifiques auxquelles il a accès, parce qu’il doit avoir accès pour pouvoir y arriver, explique Caroline Vandenplas, spécialiste de l’intelligence artificielle. Donc les revues scientifiques sont souvent protégées derrière un mot de passe. Mais donc il y a plus une étendue d’informations qui est potentiellement incorrecte ».

« On doit dresser, domestiquer l’IA »

Au-delà des questions de fiabilité, l’utilisation de l’IA dans le domaine médical soulève des enjeux éthiques majeurs, notamment en ce qui concerne le respect du secret médical ou encore la compréhension fine des antécédents d’un patient. Les experts prédisent tout de même une place grandissante de cette technologie dans notre quotidien. « L’IA va faire partie de notre vie, d’une façon incroyable, d’ici quelques mois, quelques années. Et donc on doit la dresser, si je peux m’insinuer, la domestiquer, la comprendre et savoir l’utiliser pour le bien du patient », observe encore le docteur Alain-François Bleeckx.

Selon une enquête récente, 61 % des Belges connaissent désormais les outils d’intelligence artificielle, et 40 % affirment leur faire confiance, même pour des questions médicales. Cependant, l’avenir de cette technologie repose sur une meilleure régulation et une compréhension approfondie, autant pour les patients que pour les professionnels de la santé.

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