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813 restaurants ont dû fermer leurs portes l’année dernière en Belgique. C’est quasiment 3 % des établissements de notre pays. C’est une crise qui touche toutes sortes de restaurants, mais particulièrement les gastronomiques. Et cela n’ira pas en s’améliorant… On estime que, d’ici la fin de l’année, une dizaine devrait encore fermer en Wallonie.
« Il y en a 7 ou 8 qui ont annoncé leur fermeture pour la fin de l’année, et ce sont tous des gastronomiques », déplore Filippo Santagelo, chef de cuisine du restaurant Adagio et Gusto à Mont-sur-Marchienne. « Je trouve ça désespérant et catastrophique », ajoute-t-il.
Dans quelques semaines, il devra aussi fermer son établissement. « On n’arrive plus à répercuter les charges et les frais qui tournent autour d’un menu gastronomique. Il faut plus de main-d’œuvre que pour un restaurant classique. Les coûts des matières premières ont explosé aussi », explique ce chef de cuisine.
Pour lui, il y a trop de restaurants gastronomiques en Belgique. « Pour que tout le monde puisse en vivre, il faut qu’il y en ait moins », estime-t-il. Résultat ? Il a décidé de tout transformer en une nouvelle brasserie. « C’est une décision difficile à prendre parce que ça fait 20 ans qu’on fait ça. Mais il faut évoluer, s’adapter. »
Revenir à des essentiels
Et s’adapter, le maître-mot pour le sommelier Eric Boschman, surtout quand un couple dépense 200 à 300€. « Le restaurant gastro qui n’offre pas autre chose qu’une jolie cuisine, avec une pince à épiler et deux fleurs, il vit des heures difficiles. Parce que ce que veut le public aujourd’hui, c’est en avoir pour son argent. Il a l’impression que c’est cher », souligne le sommelier.
La solution, selon lui, est de proposer de la « gastro rénovée » et « revenir à des essentiels et de dire qu’on travaille du local, mais du vrai local. Et on voit que c’est une tendance de fond, les tables de terroir, etc. Et les mecs s’en sortent, donc pourquoi eux s’en sortiraient et pas les autres ? »
Plusieurs facteurs pointés du doigt
Pour expliquer ce phénomène, plusieurs facteurs sont pointés du doigt : la diminution de la fréquentation, l’inflation et le poids élevé des taxes et impôts sur le coût du travail, ce qui entraîne une chute des marges et une hausse des défaillances d’établissements.
Cette situation est aussi accentuée par le télétravail, qui a réduit l’affluence des clients en semaine, et par la concurrence croissante de la restauration rapide.
Le prix que représente une assiette ou un menu devient ingérable. Selon la Fédération Horeca Wallonie, les restaurants gastronomiques auraient dû augmenter leurs prix de 30 % pour pouvoir survivre facilement. Mais 30 % d’augmentation, c’est inimaginable…
Le nombre de Belges allant au restaurant a également diminué, passant de 51,3 % en 2019 à 43,5 % en 2023 selon Statbel.


















