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Cela ne vous a sans doute pas échappé : il y a beaucoup de malades en ce moment. Toux, nez qui coule, fièvre, bureaux désertés… À la veille de l'hiver et à quelques jours de Noël, de nombreuses personnes se sentent mal et les services pédiatriques des hôpitaux font le plein.
Est-ce la suite logique du coronavirus qui aurait affaibli nos défenses immunitaires ? Bart Lambrecht, pneumologue à l’UZ Gent et directeur des maladies inflammatoires à l’Institut flamand de recherche en biotechnologie (VUB), a été interrogé par Het Laatste Nieuws sur la question.
Il consent qu'un phénomène post-covid se manifeste chez les jeunes enfants : "Ce que nous observons actuellement - surtout dans le cas de la bronchiolite - ce sont des infections retardées. De nombreuses personnes qui auraient normalement été infectées au cours de la saison précédente ne l’ont pas été. Ces virus rattrapent en quelque sorte leur retard", déclare Bart Lambrecht.
L'infection est causée par un virus qui se transmet entre enfants. "Mais la plupart des bébés nés en 2020 ne l’ont pas eu au cours de leur première année de vie. Les masques et la distanciation sociale en sont évidemment la cause. Ces enfants ont désormais 2 ans et sont infectés par le VRS", ajoute le pneumologue. Si pour des enfants de cet âge, la bronchiolite est moins grave, si elle est transmise à des nourrissons, ça l'est davantage et peut mener à une hospitalisation.
On pourrait croire en revanche que notre système immunitaire a été affaibli par la pandémie de coronavirus. Il n'en est rien, selon le spécialiste.
"Une année est trop courte pour avoir un réel impact sur notre résistance aux infections. Par contre, si nous avions maintenu les mesures sanitaires pendant cinq ans, cela aurait été le cas", explique-t-il.
"Le virus essaie de rattraper son retard"
Mais alors, comment expliquer qu'il y a tant de malades en ce moment ? C'est tout simplement le masque qui faisait barrage aux virus.
"Comme nous portions des masques, les infections respiratoires avaient moins de chances de se propager. Même le rhinovirus, qui provoque le rhume classique, ne circulait pas autant. D’ailleurs, des études menées sur des asthmatiques l’ont bien démontré. Normalement, leur maladie s’aggrave une ou deux fois par an, et c’est généralement le rhinovirus qui en est responsable. Or, on a constaté durant la pandémie qu’il y a eu beaucoup moins d’asthmatiques chez qui la maladie s’est aggravée. Ici aussi, le virus essaie de rattraper son retard", explique Bart Lambrecht.
Il est encore trop tôt pour savoir si la grippe suivra la même tendance et sera plus virulente cet hiver. Une chose est sûre : quelle que soit le virus qui circule, il est recommandé de toujours protéger les personnes les plus vulnérables comme les nouveau-nés et les personnes âgées.
"Si vous êtes enrhumé, portez un masque lorsque vous rendez visite à d’autres personnes ou que vous recevez des gens. Ou ne les voyez tout simplement pas. Par ailleurs, il est toujours recommandé de porter un masque en présence d'une personne fragile", conclut le pneumologue.