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Plus d'un Wallon sur deux avoue des gestes agressifs au volant, et 80% des usagers disent en subir. L'AWSR pointe le stress, l'anonymat et l'individualisme comme causes majeures. Une campagne de sensibilisation rappelle que courtoisie et respect du code peuvent apaiser la route.
Qui n'a jamais eu les nerfs à vif sur la route ? Les automobilistes se montrent plus agressifs derrière un volant que dans la vie quotidienne, c'est désormais prouvé par l'Agence wallonne pour la Sécurité routière (AWSR), grâce à son baromètre de la cohabitation routière. "On voit que la majorité des usagers qu'on a interrogés estiment qu'on a tendance à être plus agressif sur la route que dans sa vie de tous les jours", confirme la porte-parole Belinda Demattia, sur le plateau du RTL info 13h.
Selon l'AWSR, plus d'un Wallon sur deux (53%) admet avoir adopté "des gestes agressifs" sur la route, au cours du mois dernier. "Et pas que des conducteurs d'ailleurs", ajoute-t-elle
De quels types d'actes agressifs parle-t-on ? "On a les classiques, les klaxons intempestifs, les gestes obscènes, les insultes. Plus préoccupant, il y a aussi des personnes qui avouent avoir agressé quelqu'un ou s'être fait agresser", rapporte-t-elle. Leur nombre est d'ailleurs est en augmentation, "ça, c'est quand même assez préoccupant", commente-t-elle.
Selon l'agence, 80% des Wallons interrogés déclarent avoir subi de l'agressivité dans la circulation, ils étaient 77% l'an dernier.
Plus globalement, 79% des Wallons considèrent la cohabitation routière comme étant "problématique". Ce ne sont, d'ailleurs, pas seulement des conducteurs : "C'est un baromètre qu'on fait auprès de tout type d'usagers, donc pas uniquement des conducteurs. Il y a aussi des cyclistes, des trottinettistes et des piétons qui ont participé donc c'est vraiment un sentiment global".
Quels comportements agacent le plus sur la route?
Certains comportements sont plus susceptibles de mener à de l'agressivité sur la route. L'AWSR les a identifiés grâce à son baromètre. "Il y en a qui sont particulièrement cités comme par exemple les conducteurs qui vont squatter la bande centrale sur l'autoroute alors que la bande de droite est libre, ceux qui oublient de mettre leur clignotant pour sortir d'un rond-point, pour changer de bande", explique Belinda Demattia.
Le fait de se garer en dehors des zones autorisées et le fait de se rabattre trop près d'un véhicules sont aussi cités dans l'étude.
La porte-parole ajoute également que le nombre croissant d'usagers différents sur la route déclenche de l'agressivité. "Il faut de plus en plus partager de la route, trouver de la place pour tout le monde. Ça peut jouer aussi en effet dans la dégradation de la cohabitation".
Ce qui explique l'agressivité au volant
Mais pourquoi sommes-nous davantage agressifs sur la route ? C'est en fait "l'effet voiture", justifie Belinda Demattia. "Un peu comme sur les réseaux sociaux, on est un peu protégé, on est comme dans une bulle, il y a un certain anonymat. C'est beaucoup plus facile d'insulter un autre usager quand on est dans sa voiture que quand on le croise sur le trottoir par exemple".
Et puis l'étude met en lumière aussi l'aspect "individualisme" : "Quand on utilise son moyen de transport, on regarde tout en fonction de sa position, de sa réalité. On ne prend pas en compte forcément celle des autres, ce qui peut aussi avoir un impact".
Le fait d'être pressé joue un rôle non-négligeable. "On a la pression du temps en permanence, y compris sur la route. Sauf que là, on ne peut pas y faire grand-chose. Cette personne qui met trop longtemps à se garer, ces embouteillages... Ça nous fait perdre du temps, on n'y peut rien, on est frustré et donc ça donne la place potentiellement à de la colère", illustre la porte-parole.
Comment apaiser la circulation?
Afin de répondre à cette problématique, l'AWSR lance une nouvelle campagne de sensibilisation en rappelant certaines règles simples. Tout le long du mois de mars, des affiches sont visibles le long des autoroutes et routes secondaires, tandis que des vidéos sont diffusées sur les réseaux sociaux.
Le premier conseil reste toujours de respecter le code de la route. "C'est vraiment la base", insiste-t-elle. "On voit qu'il y a beaucoup d'agressivité qui découle du non-respect des règles, on en a parlé, donc vraiment ça, ça permet d'éviter beaucoup de situations compliquées".

Il faut aussi éviter de prendre tout personnellement : "On a parfois tendance à dire 'il ne m'a pas laissé passer alors que j'ai la priorité', c'est contre moi, mais en fait pas du tout, la personne était probablement distraite, ce n'est pas une agression délibérée à notre égard".
Enfin, un peu de courtoisie peut contribuer à une bonne cohabitation : "Toujours s'excuser quand on a fait une erreur nous-mêmes, ça permet de désamorcer les situations, et remercier quand les autres sont courtois à notre égard, ça permet de les encourager dans cette voie", conclut l'invitée.
Autant de conseils qui permettent, d'après l'AWSR, de rendre nos routes plus sûres et plus agréables pour tous.


















