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Une enquête de l'Agence wallonne de la sécurité routière révèle que 77% des conducteurs en Wallonie n'arrivent pas à résister à l'envie d'utiliser leur téléphone en conduisant. Un comportement risqué, responsable de nombreux accidents.
Les chiffres sont alarmants : près de 8 Wallons sur 10 admettent utiliser leur téléphone au volant, malgré l’interdiction et les dangers évidents. Cette dépendance est en partie liée à la nomophobie, la peur irrationnelle d’être séparé de son téléphone, qui touche 68 % des conducteurs.
L’étude menée sur 1 000 automobilistes révèle également que 57 % ressentent le besoin d’être joignables en permanence et 34 % ne peuvent pas rester une heure sans consulter leur écran. Un comportement qui entraîne une utilisation accrue du téléphone en conduisant et, par conséquent, une augmentation des accidents.
16 accidents par semaine liés au téléphone
Selon l’AWSR, 16 accidents avec blessés ou tués se produisent chaque semaine en Wallonie à cause de l’usage du téléphone au volant. Le principal facteur de distraction reste l’appel téléphonique : 6 conducteurs sur 10 téléphonent en conduisant, un geste qui multiplie par 5 le risque d’accident, même en mode mains libres.
Mais d’autres usages sont encore plus dangereux :
- 23 % des conducteurs envoient des messages (SMS, emails, réseaux sociaux),
- 30 % lisent du contenu sur leur écran,
- 18 % participent à des appels vidéo, une pratique en forte augmentation.
Les 18-34 ans sont les plus concernés. Ils sont deux fois plus nombreux que les conducteurs plus âgés à écrire des messages (41 % contre 15 % chez les 35 ans et plus) ou à passer des appels vidéo en roulant (32 % contre 12 %).
Un comportement banalisé: "Des conducteurs regarder des films"
Dans la rue, les témoignages confirment cette tendance. "Moi qui habite dans un petit village, je vois souvent des voitures qui dévient parce que les conducteurs sont sur leur téléphone", raconte une jeune fille. Un autre ajoute : "Les gens regardent leurs messages, l’actualité, ils font défiler Facebook ou Instagram. De temps en temps, on voit même des conducteurs regarder des films."
Un jeune conducteur admet utiliser son téléphone, mais avec précaution : "Ça m’arrive, mais juste pour mettre le GPS ou la musique. En tant que jeune conducteur, on fait attention, surtout au début."
Lire ou écrire en roulant peut multiplier le risque par 10
La porte-parole de l’AWSR, Belinda Demattia, rappelle que l’impact du téléphone sur la conduite est sous-estimé :"On estime qu’il y a environ 16 accidents par semaine liés à l’usage du téléphone au volant. Mais il est difficile d’avoir des chiffres précis, car cette information n’est pas toujours relevée après un accident."
Même en mode mains libres, la distraction reste un danger : "Téléphoner, même sans tenir le téléphone en main, multiplie par 5 le risque d’accident. Si on le tient en main, c’est encore pire. Lire ou écrire en roulant peut multiplier le risque par 10."
Quant aux vidéos, elles sont clairement illégales : "Quelqu’un qui regarde une vidéo en conduisant peut être verbalisé. Mais au-delà de l’amende, le vrai danger, c’est la perte totale d’attention sur la route."
Quelles solutions pour limiter les risques ?
L’AWSR recommande plusieurs mesures simples :
- Régler son GPS et sa musique avant de démarrer,
- Activer le mode "ne pas déranger" pour éviter les notifications,
- S’arrêter sur une aire de repos en cas d’urgence,
- Utiliser un kit mains libres uniquement pour des appels indispensables et courts.
Enfin, le non-respect de cette règle coûte cher : utiliser son téléphone au volant est une infraction de troisième degré, passible d’une amende de 174 euros. Si la tentation est forte, le danger l’est encore plus. Entre distraction et accidents évitables, il est urgent que les conducteurs wallons lèvent le pied… et lâchent leur téléphone.