« Si quelqu’un a quelque chose à me proposer… » : après son ascension dans les Alpes et deux triathlons en chaise roulante, Florian cherche un nouveau défi

Le 21 août 2024, Florian Colon réalisait un pari un peu fou : gravir en chaise roulante les 7,5 kilomètres d’ascension du mont Chaberton, dans les Alpes françaises. Un défi sportif mais aussi surtout une aventure humaine. « Tout le monde propose son aide à sa manière, que ce soit pour pousser la chaise ou que ce soit pour porter un sac », nous expliquait-il, avec, au bout de l’effort physique, l’arrivée au sommet à 3.131 mètres d’altitude. « Voir toutes ces personnes nous applaudir, c’est prenant, c’est même touchant. On a la larme à l’œil quand on arrive au-dessus. »

Le tennis et le ski pas suffisants : place au triathlon

Nous le rencontrons à Bas-Oha (Wanze). Si Florian pratique le tennis et le ski pour le plaisir, il cherche une discipline plus exigeante. Car depuis son accident, le jeune homme de 29 ans a besoin de nouvelles sensations. « J’ai toujours pris ça comme un défi, un défi sportif, et même des fois comme un jeu. Alors certes, (un jeu) qu’on n’aurait préféré ne jamais jouer, mais je n’ai pas peur de dire que j’ai pris du plaisir à apprendre à notamment remonter en chaise ou autre. »

Pratiquer le triathlon, c’est sa manière de défier son handicap. « J’essaye de dédoubler un peu chaque sport, plus la kiné, ce qui me donne un entraînement de 12 à 14 heures par semaine. »

Aidé par ses meilleurs amis et sa famille

À Andenne, Florian était au départ de son deuxième triathlon. À ses côtés pour l’aider, deux de ses meilleurs amis. Thibaut était présent le jour de l’accident. Une chute depuis un balcon, une vie qui bascule, mais une amitié restée intacte, grâce à « de l’humour, de l’autodérision, directement pour qu’il soit lui à l’aise et que nous, on le soit aussi », explique Thibault Delannoy.

Première épreuve de la course : parcourir 500 mètres à la nage à la force des bras. 12 minutes 30 d’effort avant un premier transfert. Sortir de la piscine, se faire pousser en chaise vers la zone de transition, et s’installer dans le handbike. C’est parti pour 20 kilomètres avec de belles montées, d’où l’importance des encouragements des proches et de la famille.

Après plus de 1h45 de course sous la pluie avec le vent, le transfert vers la chaise de course demande de la cohésion et de la précision. Un véritable travail d’équipe. « On se sent un peu presque privilégié en fait de pouvoir l’aider dans cette aventure, parce qu’on est admiratif de lui », témoigne Alexandre Douhard.

La dernière épreuve : 5 km en fauteuil roulant de course. Cet ultime effort impressionne la maman de Florian. « Je ne veux pas venir le voir, c’est impossible. C‘est son moteur, c’est le mien aussi en fait », explique Nancy Lefèvre.

Après un peu plus de 2h30 de compétition, Florian franchit la ligne d’arrivée. Pas d’ennuis mécaniques cette fois, juste des douleurs aux bras qui remplacent aujourd’hui ses jambes. « Après la course, le contrecoup, le froid, j’avais des crampes dans les bras. »

Toujours à ses côtés, Emma Widenlocher, sa compagne depuis 4 ans. Si le handicap de Florian reste pour elle une injustice, il s’est invité dans leur quotidien mais pas question de changer leur mode de vie. « Moi j’ai envie qu’on ne se mette pas de barrière par rapport à ça et qu’on continue à vivre normalement et c’est ce qu’on fait. Il doit faire le ménage, la vaisselle, comme s’il n’était pas en fauteuil. »

Emma promet de se lancer dans le triathlon l’année prochaine. Florian, lui, cherche un nouveau défi. « Si quelqu’un a quelque chose à me proposer je suis preneur. »