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C'est un constat est alarmant : le suicide est la première cause de mortalité entre 15 et 44 ans. Depuis la pandémie de Covid, le nombre d'appels de jeunes gens au Centre de prévention du suicide a augmenté de 15%. Explications.
Ça fait presque cinq ans que Sarah, la fille de Sophie, s'est suicidée. Elle n'avait que 25 ans. L'aide qu'elle a eue à l'époque n'a malheureusement pas suffi. "Avec des si, évidemment, on ne réécrit pas l'histoire. Mais je pense que ça aurait pu nous aider et l'aider si Sarah avait appelé le centre... peut-être", témoigne sa mère.
Cinq ans plus tard, le souvenir est toujours très douloureux. Mais jour après jour, Sophie et sa famille se reconstruisent : "Nous avons vraiment trouvé une écoute différente de ce qu'on peut avoir auprès de psychiatres ou de psychologues qui ne sont pas forcément spécialisés ni dans le deuil et encore moins dans le deuil après suicide".
Le Centre de prévention du suicide, ce sont des bénévoles anonymes qui répondent au téléphone. Des psychologues spécialisés dans l'aide aux personnes en détresse, et le constat est préoccupant : depuis 2020, les appels passés par des jeunes, parfois des enfants de 10 ans, a augmenté de 15%.
"On l'a surtout remarqué après la crise du Covid, soit parce que les personnes étaient vraiment seules. Soit parce qu'ils ont eu des difficultés de se réadapter dans la société", explique Tsolaire, Meguerditchian, psychologue au centre de prévention. "On remarque également durant les périodes de stress, des examens ou la période des vacances. Avant ou juste à la fin des périodes des vacances, c'est aussi une difficulté de se réadapter à un nouveau environnement".
Parfois, l'écoute dont on a besoin n'est pas celle qu'on reçoit
Le Centre de prévention, ce sont donc aussi des consultations pour les familles endeuillées. Scott, le frère de Clémence, s'est suicidé il y a trois ans et demi. Ce jour-là, le monde de Clémence s'est écroulé : "C'était ma personne que je préférais sur cette planète". Elle aussi a pu compter sur l'écoute des psychologues du centre et s'appuyer sur la bienveillance qu'elle a pu trouver dans des groupes de parole.
"Moi, dans mon deuil, j'ai eu un moment besoin de pouvoir être avec des personnes qui pouvaient comprendre ce que je vivais", se remémore Clémence. "Donc, j'ai fini par appeler le centre en disant que j'avais besoin d'être dans un groupe de parole, mais avec un minimum de frères ou sœurs qui vivent la même chose que moi, parce que je peux être très bien entourée par mes proches... Mais il y a parfois un manque d'écoute. Quand je dis un manque d'écoute, ce n'est pas que les gens ne veulent pas écouter. C'est parfois que l'écoute dont on a besoin n'est pas celle qu'on reçoit".
Une question de santé publique
Le suicide est parfois considéré comme quelque chose de tabou. Pourtant, un décès sur quatre chez les jeunes est un suicide. "C'est énorme. Et on sait qu'au niveau européen, on fait partie du top 5 avec un triste record. Donc, je pense que c'est une vraie question de santé mentale et de santé publique", interpelle Dominique Nothomb, directrice du Centre de prévention suicide.
"Donc mon message aujourd'hui, ce sont deux choses. La première, c'est n'hésitez pas à nous contacter. Mais également, je m'adresse aux politiques, s'il vous plaît, soutenez-nous. On continuera encore davantage à aider la population", a-t-elle conclu.
Le Centre de prévention du suicide est accessible 24h/24 via son site Internet et son numéro de téléphone gratuit 0800/32.123.


















