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"Une bonne nouvelle mais il reste des craintes": la réforme du chômage étalée dans le temps rassure-t-elle les CPAS?

C'est désormais officiel : la réforme du chômage sera étalée dans le temps à partir de 2026. La limitation des allocations à deux ans est maintenue, mais elle sera mise en place progressivement. Qui sera concerné et à quel moment? Comment réagissent ceux qui critiquaient cette mesure?

Le premier changement concerne le calendrier des exclusions. Le 1er janvier 2026 seront exclues les personnes au chômage depuis plus de 20 ans. Le 1er mars, les chômeurs depuis plus de 8 ans. Le 1er avril, depuis moins de 8 ans.

Au total, 115.000 personnes sont concernées par cette première vague, mais ça ne s'arrête pas là. Le 1er juillet 2026, 60.000 personnes supplémentaires seront touchées par cette réforme des allocations de chômage.

Ces changements ont été négociés hier soir, notamment par le ministre de l'Emploi, et ce, après avoir écouté notamment les partenaires sociaux. "En faisant cela, on entend les remarques, on n'est pas sourds", réagit David Clarinval. "On veille à ce que cette implémentation soit tout simplement plus facile à réaliser pour les partenaires avec lesquels on travaille."

Les CPAS rassuré, mais des craintes subsistent

L'objectif est bien d'éviter aux CPAS de se retrouver débordés par trop de dossiers en une seule fois, et, visiblement, ce changement est apprécié. "C'est une bonne nouvelle, et qui montre aussi qu'on a été entendu, cela étant, il reste des craintes", rapporte Luc Vandormael (PS), président de la Fédération des CPAS wallons. "Ces craintes étant que le montant des compensations qui seront octroyées, et le timing dans lequel elles seront octroyées, doivent absolument coïncider avec le moment où nous devrons payer les gens dans les CPAS."

Des compensations financières sont prévues, mais elles dépendront des résultats de l'insertion sur le marché du travail de ces personnes. Jusqu'à présent, seul un montant de 50 millions d'euros est prévu pour 2026, selon l'avis rendu vendredi passé par la Cour des comptes sur le budget 2025 et la projection budgétaire pluriannuelle du gouvernement. La ministre devra soumettre sous peu à ses collègues une estimation. Elle pourra compter sur une partie des deux milliards que permettra d'économiser l'exclusion des chômeurs. Une estimation revue à la hausse par l'Onem et qui ouvre des marges au gouvernement.

Du côté de la FEB on se réjouit d'une "mesure historique" : "Il est logique que cette mesure, qui existe depuis longtemps dans tous les autres pays, soit également introduite ici", a déclaré M. Timmermans. "Il s'agit également d'une avancée importante dans l'équilibre entre les droits et les obligations sur lesquels repose notre sécurité sociale."

Une décision "incompréhensible et simpliste" pour la CSC

L'avis des syndicats est bien moins positif. La CSC dénonce une décision "incompréhensible et simpliste". Pour le syndicat chrétien, cela ne tient en effet pas la route du point de vue du contenu, ni d'un point de vue pratique. La praticabilité de ce "fétiche politique" posera en effet d'énormes problèmes et les demandeurs d'emploi et le marché du travail en paieront le prix fort, prévient la CSC. Le phasage de l'exclusion est jugé "très serré" par l'organisation qui se demande si les demandeurs d'emploi, chez qui elle constate déjà une énorme incertitude et une peur, seront informés à temps de leurs droits et s'ils pourront bénéficier du soutien nécessaire. 

On sanctionne les chômeurs, tant au niveau de la durée de protection que de l'allocation proprement dite

"Cette décision est incompréhensible", selon Koen Meesters, le secrétaire national de la CSC qui suit ce dossier. "La plus grosse 'économie' de l'accord de gouvernement est supportée par les chômeurs, de manière encore plus importante que ce qui était prévu initialement. On sanctionne les chômeurs, tant au niveau de la durée de protection que de l'allocation proprement dite", dénonce-t-il. Avec la dégressivité accrue, les revenus les plus élevés bénéficieront d'une petite augmentation de l'allocation, mais celle-ci sera globalement moins élevée pour la majorité des citoyens, prévient encore le responsable de la CSC.

"Le raisonnement simpliste consiste à dire qu'en privant les chômeurs de leur allocation, ils chercheront et trouveront plus rapidement un emploi. La responsabilité repose donc entièrement sur le demandeur d'emploi. On n'incrimine pas les employeurs qui ne prévoient pas de travail adapté", regrette-t-il.

Les AGR sans limite de durée

Autre grand changement dans la réforme du chômage, cela concerne les AGR, pour allocation de garantie de revenus. En clair, un complément, en plus de votre rémunération, si vous travaillez à temps partiel. Il n'y aura pas de limite dans le temps. "On pense par exemple à la caissière du Cora, que beaucoup de personnes m'ont pris comme exemple. Ainsi, on récompense les gens qui travaillent, même s'ils travaillent à mi-temps", clarifie David Clarinval.

La réforme du chômage devrait permettre aussi de réaliser des économies dans le budget de l'État. 2 milliards d'euros bruts l'année prochaine, un peu plus encore l'année suivante.

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