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Harcèlement, intimidation, agressions... Depuis hier et les révélations de la ministre de la Défense, les langues se délient à la caserne d'Amay. Ce soir, deux hommes ont accepté de témoigner de façon anonyme. Ils dénoncent des faits de violence et évoquent, aussi, une "loi du silence" qui empêche beaucoup de soldats de parler.
"Considérez ça comme un jeu. C'est tester la personne. Vous êtes militaires, vous n'êtes pas une fiotte": derrière sa cagoule, se cache un homme, écoeuré par ce qu'il a vu et entendu à la caserne.
"On saoule quelqu'un, on tape quelqu'un, on fait pression sur quelqu'un, on rabaisse quelqu'un. Ça peut prendre des formes différentes. Celui qui parle, il sera viré. Si vous êtes viré pour faute grave, vous n'avez pas votre pension. Vous perdez tous vos droits. Et ça, on vous le met dans la tête très vite", témoigne ce militaire, basé à Amay depuis 6 ans. Il décide aujourd'hui de briser le silence.
Des faits quotidiens de harcèlement, de racisme, d'intimidation et parfois même d'agression sexuelle sur de nouvelles recrues. "Dans le coin de votre tête, en tant que jeune, le prochain, c'est peut-être toi. Et se référer à ton supérieur hiérarchique, qui est présent, c'est un problème. On se heurte à une chaîne hiérarchique qui se couvre mutuellement pour des raisons diverses."
Ils en profitent, comme si certains étaient des esclaves et d'autres étaient les grands dirigeants
Il n'est pas le seul à dénoncer ce que certains militaires considèrent comme une caserne corrompue, jusqu'aux racines : "Ils en profitent, comme si certains étaient des esclaves et d'autres étaient les grands dirigeants. Ils en font ce qu'ils veulent". Cet homme a décidé de partir, après l'enfer qu'il a vécu au sein de la Défense.
"Ils ont carrément mis un balai dans l'arrière d'un autre soldat. Est-ce normal de faire des actes comme ça ? Où est-ce qu'on va ? Est-ce qu'on est un soldat à ce niveau-là ? On n'est plus du tout un soldat. Il ne faut pas cracher dans l'assiette qui nous nourrit. On est quand même des militaires. Il y a des raisons, on fait ça avec des valeurs, avec certaines choses. Mais il y a des gens qui n'ont rien à voir à la Défense. C'est à cause de ces gens-là que ça tourne toujours mal, ça part toujours en débordement."
"De vrais mafieux, intouchables", voilà comment le premier soldat qualifie ceux qui sèment la terreur à Amay et ailleurs, sans le moindre recours possible. "Tout est fait pour ne pas que ça sorte de la maison. Tout doit rester chez nous. Tout doit se régler chez nous, à la manière de chez nous". Cette mentalité a déjà fait fuir de nombreux soldats qui ont préféré aujourd'hui refuser nos interviews par peur de représailles.


















