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Brésil : son frère déjà enterré, Lula refuse de sortir de prison

L'ex-président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a finalement été autorisé à sortir de prison mercredi pour faire ses adieux à son frère décédé mardi, mais a décidé de ne pas y aller, celui-ci ayant déjà été inhumé.

"Ils ne m'ont pas laissé faire mes adieux à Vava par pure méchanceté. Je ne peux rien faire parce qu'ils ne m'ont pas laissé y aller. Je peux juste rester ici et pleurer", a réagi l'ex-président de gauche (2003-2010), cité dans un communiqué du Parti des Travailleurs (PT), qu'il a fondé au début des années 80.

"La décision judiciaire est tombée quand le corps était déjà inhumé", a expliqué à l'AFP un porte-parole de l'Institut Lula.

La permission de sortie avait été dans un premier temps refusée par la juge de première instance Carolina Lebbos, chargée de l'application de la peine de Lula, mais a été par la suite concédée par le président de la Cour suprême, José Antonio Dias Toffoli, qui a jugé recevable un recours de la défense de l'ex-président.

Mais la décision de Dias Toffoli n'a été rendue publique que quelques minutes avant 13H00 (15H00 GMT), heure prévue de l'enterrement de Genival Inacio da Silva, dit "Vava", mort d'un cancer mardi à 79 ans.

Lula est incarcéré depuis avril à Curitiba (sud), à 400 km de Sao Bernardo do Campo, où les obsèques de son frère aîné, dont il était très proche, ont eu lieu.

Le président de la Cour suprême l'a autorisé à rencontrer "uniquement sa famille, dans une unité militaire, avec la possibilité que le corps y soit amené". Mais l'inhumation ayant déjà eu lieu, l'ex-président a refusé cette permission.

- "Question humanitaire" -

Pour refuser la permission, la juge Carolina Lebbos s'était fondée sur les avis de la police fédérale et du parquet.

La police fédérale avait recommandé de ne pas autoriser la sortie de Lula en évoquant des problèmes logistiques, déclarant notamment qu'elle ne disposait pas actuellement des hélicoptères pour une telle sortie ni des moyens de sécurité nécessaires, étant donnée la notoriété de l'intéressé.

Les autorités ont visiblement redouté que les obsèques ne donnent lieu à des débordements orchestrés par la gauche à la faveur d'une sortie de Lula, auquel le président Jair Bolsonaro a souhaité de "pourrir en prison".

"Toute ma solidarité à Lula et mon dégoût pour la justice, son cynisme et sa lâcheté", a déclaré le chanteur Chico Buarque, cité par le site d'informations de gauche Brasil 247.

"Sincèrement, je crois que l'affaire Lula, qui n’a jamais été judiciaire, a dépassé le stade politique pour devenir personnelle", s'est insurgé sur Twitter Fernando Haddad, candidat du PT à la présidentielle d'octobre, battu au second tour par Jair Bolsonaro (extrême droite).

Même Hamilton Mourao, vice-président de M. Bolsonaro, s'était manifesté mardi en faveur d'une permission de sortie de prison pour Lula.

"C'est une question humanitaire. C'est toujours triste de perdre son frère. J'ai perdu le mien, je sais ce que c'est. Si la justice est d'accord, je ne vois aucun problème", avait-il déclaré.

Les avocats de l'ex-président (2003-2010) avaient invoqué un article de loi sur les exécutions de peine, qui stipule que les détenus peuvent sortir de prison sous escorte en cas de décès ou de maladie grave d'un frère ou d'une soeur.

Lula, 73 ans, purge une peine de 12 ans et un mois de prison au siège de la police fédérale de Curitiba.

Accusé d'avoir reçu un appartement en bord de mer de la part d'une entreprise de bâtiment en échange de faveurs dans l'attribution de marchés publics, il a toujours déclaré être innocent et victime d'un complot pour l'empêcher de revenir au pouvoir.

Lula avait bénéficié d'une autorisation de sortie en novembre, lorsqu'il avait pu quitter le siège de la police fédérale quelques heures pour se rendre à un interrogatoire à Curitiba.

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