Partager:
Alors que les journées raccourcissent et que l’obscurité s’installe plus tôt, les opportunités de cambriolage augmentent sensiblement. C’est dans ce contexte que Verisure, via une enquête menée par iVOX, met en lumière des comportements encore trop fréquents et à risque.
Parmi les habitudes relevées : 43 % des Belges reconnaissent laisser leur porte d’entrée déverrouillée de temps à autre, et 17 % le font régulièrement. « Si vous laissez votre porte ouverte et qu’un cambrioleur s’introduit chez vous, on est sur un vol simple et plus sur un vol qualifié. Donc, s’il n’y a pas d’effraction, l’assurance risque de ne pas intervenir de la même manière », avertit Daniel Mention, responsable du commissariat de quartier de Colfontaine, zone de police boraine.
Un Belge sur trois cache sa clé à proximité de la maison
Un tiers continue même à dissimuler une clé de rechange à proximité immédiate de leur domicile, dans des lieux facilement repérables par des cambrioleurs : garage non fermé (33 %), boîte aux lettres (19 %), pot de fleurs (17 %) ou paillasson (9 %). Très mauvaise idée, car dans 16 % des cambriolages par la porte, c’est cette clé qui a été utilisée.
Si cacher une clé ou négliger sa serrure peuvent sembler anodins, cela reste les portes d’entrée les plus simples… pour les cambrioleurs. Ces pratiques facilitent clairement les intrusions.
Une fausse impression de sécurité
Autre enseignement de l’enquête : une majorité de Belges sous-estiment le niveau de risque. Deux personnes sur trois (66 %) estiment que leur logement est peu exposé aux cambriolages, même parmi ceux qui en ont déjà été victimes. Pourtant, la porte d’entrée reste l’un des accès privilégiés des malfaiteurs : elle est utilisée dans 34 % des intrusions.
Les résidents attribuent en moyenne une note de 6,8/10 à la sécurité de leur porte d’entrée. Pourtant, près de 30 % utilisent encore une serrure standard, bien plus facile à forcer. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 46 % des victimes de cambriolage déclarent que leur serrure a été forcée ou cassée, et 23 % qu’elle a été crochetée.
Des doubles de clés qui circulent largement
L’étude pointe également une circulation très large des doubles de clés : 88 % des Belges en remettent à des tiers, principalement à des membres de la famille (74 %), mais aussi à des voisins (19 %) ou à des aides ménagères (5 %). Plus préoccupant encore, 6 % reconnaissent qu’une personne de leur passé – ex-conjoint, ancien colocataire ou prestataire – dispose toujours d’un accès. Dans 12 % des cas, une clé a même été perdue ou prêtée sans jamais avoir été restituée. « Régulièrement, les gens s’adressent à nous en catastrophe en remarquant que quelque chose a bougé chez eux, raconte Didier Hayon, serrurier. Ils se rendent compte qu’ils ont donné des clés à gauche, à droite. Ils demandent un dépannage de toute urgence pour les remplacer ».
Face à ces vulnérabilités, certains foyers optent pour des technologies de sécurité avancées. Aujourd’hui, seuls 5 % des Belges sont équipés d’une serrure connectée, permettant un contrôle à distance via smartphone. L’intérêt est néanmoins croissant : un Belge sur cinq (21 %) envisage d’en installer une. Le coût est de 250 à 700 euros. « Même instantanément : pouvoir couper ou donner un accès tout de suite, pour une livraison, donner à manger au chat, ce que vous voulez », argumente Didier Hayon, serrurier.
Des différences régionales apparaissent : 25 % des néerlandophones s’y intéressent, contre 16 % des francophones. Chez les victimes de cambriolage, l’adoption est plus marquée, avec 8 % déjà équipés.
« Notre enquête montre que de nombreux foyers ne disposent pas encore des dispositifs les plus adaptés pour sécuriser leur porte d’entrée, alors même qu’il s’agit de l’accès le plus souvent utilisé lors des cambriolages », souligne Vincent Rousseau, directeur général de Verisure Belgique.
À force de voir du danger partout, on observe une réduction de la vigilance
Pour Vincent Seron, criminologue et expert en sécurité privée à l’Université de Liège, ces chiffres révèlent un décalage entre la perception du risque et la réalité :
« Pour beaucoup de personnes, se faire cambrioler ne fait pas spécifiquement partie du champ des possibles ; ce sont des situations auxquelles elles ne s’imaginent pas être confrontées », analyse-t-il.
Il évoque également une banalisation du danger dans la société : « À force de voir du danger partout, on observe une réduction de la vigilance. » Un phénomène préoccupant, d’autant que les victimes d’un premier cambriolage sous-estiment souvent le risque de récidive : « Beaucoup pensent : ‘ça m’est arrivé une fois, il y a peu de chances que je sois encore victime’. C’est une erreur. Les études en criminologie démontrent qu’il y a des phénomènes de victimisation répétée. »
Vincent Seron conclut en insistant sur l’importance d’une approche globale de la sécurité : « Si on renforce uniquement le point d’entrée utilisé lors d’une première infraction, le cambrioleur trouvera un autre point faible. »

















