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Gifle à Macron: c'est comme "gifler la France" s'indigne la presse

L'"intolérable" gifle infligée au président Emmanuel Macron lors de son déplacement à Tain-l'Hermitage (Drôme) mardi atteste d'une "violence sous-jacente", d'une "spirale délétère", et revient au fond à "gifler la France", accusent les éditorialistes mercredi.

"Offense insupportable, intolérable, bien moins anecdotique qu’il n’y paraît, car illustration d’une violence sous-jacente qui mine la vie quotidienne, pollue nombre de débats, et parfois même les discours de certains représentants de partis", s'indigne Christophe Hérigault dans La Nouvelle République du Centre-Ouest.

"N'est-elle pas que le prolongement de tout ce qui abîme la République depuis des mois sans rencontrer de grandes résistances ?", s'interroge Florence Chédotal dans les journaux du groupe Centre France, dénonçant une "spirale délétère".

"La violence, l'outrance, l'insulte ne sont certes pas des inventions modernes, mais jamais on ne leur a si bien tenu le crachoir", note-t-elle.

Il s'agit d'"un épisode de plus dans cette dégradation du climat. Un fond de l’air de plus en plus rance qui ne fait que banaliser la violence verbale", abonde Maurice Bontinck dans La Charente Libre.

"Gifler le président, c’est gifler la France. C’est nous gifler tous", s'indigne Patrick Jankielewicz dans La Voix du Nord qui y voit "une étape de plus dans la lente désagrégation de la maison France".

Éric Marty dans le Midi Libre note que l'acte "interroge sur l’état de la société" à l'approche des élections.

"La violence, l’énervement après des mois de restrictions. Les errements surtout d’individus lassés par la confrontation politique. Et qui, sous prétexte de vouloir des actes, en viennent à faire n’importe quoi, confits dans des certitudes d’entre soi".

- "Examen de conscience" -

Emmanuel Macron lui-même a beau l'avoir relativisé en invoquant des faits "isolés", "des complotistes aux survivalistes en passant par un tas de groupuscules aux intentions nébuleuses, les appels à la violence se banalisent dangereusement", prévient Mickaël Tassart dans le Courrier Picard.

"C’est vrai sur les réseaux sociaux mais aussi – même dans une moindre mesure – sur les plateaux télé où des leaders politiques doivent faire leur examen de conscience après l’agression d’hier", plaide-t-il.

"Il est grand temps qu’élus, intellectuels, mais aussi simples citoyens reprennent la parole, renouent le dialogue et travaillent de concert pour repenser le monde de demain. Faute de quoi notre démocratie n’aura pas fini de tanguer dangereusement…", renchérit Isabelle Bollène dans L’Alsace.

"Si le débat politique devait désormais se réduire à de tels excès, forcément bien relayés sur les réseaux sociaux, créant davantage le buzz que la qualité des projets, ce serait le meilleur moyen de rendre service au grand vainqueur des élections: l’abstention", s'alarme Jean-François Laville dans L'Est Eclair.

Stéphane Bugat dans le Télégramme s'inquiète de voir les réseaux sociaux et les chaînes d’information se comporter en "monstres voraces" à alimenter en permanence. "La conséquence, c’est que tout est urgent mais plus rien n’a d’importance. La rareté et la hauteur de vue ne sont plus de circonstance. Une gifle est aussi commentée qu’une déclaration de guerre".

- "Injustifiable" -

"L’image restera. Puisse-t-elle amener à modérer ces élans outranciers et partisans que l’on a encore entendus récemment", plaide également Didier Rose dans les DNA.

"Le climat des derniers jours (...) marque un basculement très inquiétant pour notre démocratie", estime Maud Vergnol dans L'Humanité.

Le Journal de la Haute-Marne, sous la plume de Patrice Chabanet, parle pour sa part d'"électrochoc".

"Les insultes, les vociférations, les insinuations tiennent lieu de débats. La violence des mots a souvent été présentée comme un moindre mal. C'est oublier que de la violence des mots à la violence physique, il n'y a qu'un petit pas", relève-t-il.

"Le symbole est odieux. Emmanuel Macron, quelle que soit la détestation que certains peuvent nourrir à son endroit, est le président de la République. Cette gifle, c’est la République qui la prend. Injustifiable", conclut Sébastien Lacroix dans L'Union L'Ardennais.

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