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Julien Bayou nouveau patron d'EELV après d'éprouvantes tractactions

Julien Bayou succède à David Cormand comme secrétaire national d'EELV : les écologistes ont fini par se mettre d'accord sur une équipe dirigeante de "rassemblement" samedi lors de leur congrès à Saint-Denis. Mais comme par le passé, ce ne fut pas sans mal.

L'identité du nouveau patron des Verts ne faisait guère de doute depuis deux semaines, la motion de Julien Bayou ayant largement devancé ses concurrentes le 16 novembre au premier tour.

Mais les représentants de ces trois dernières propositions d'équipe et d'orientation, l'ex-députée Eva Sas, l'ex-secrétaire national adjoint Alain Coulombel et le membre du bureau exécutif Philippe Stanisière, avaient mis la pression sur Julien Bayou en se liguant pour négocier.

A la clé, la répartition des 15 postes de l'équipe dirigeante. Finalement, les trois listes arrivées devant ont fusionné et obtenu 92,6% au dernier tour.

Selon l'accord trouvé, l'ex-motion A de Julien Bayou a sept postes dans l'exécutif. L'ex-motion d'Eva Sas, qui comptait plusieurs proches du chef de file Yannick Jadot, obtient quatre postes - dont un des porte-parole pour Mme Sas - et celle de M. Coulombel, qui plaide pour un dialogue nourri avec la gauche et devient aussi porte-parole, trois postes. Enfin Philippe Stanisière a recueilli suffisamment de suffrages pour être reconduit dans l'exécutif.

David Cormand aura donc réussi à passer la main à la personne de son choix, Julien Bayou, 39 ans, un activiste de longue date que les combats ont souvent amené à fréquenter des militants bien ancrés à gauche.

"L'écologie appartient à tout le monde, nous devons la rendre aux plus pauvres, qui en ont été privés", a d'ailleurs déclaré Julien Bayou pour son premier discours, très applaudi par des militants soulagés de clôturer un congrès délicat.

De son côté, Yannick Jadot s'est préservé, ne se prononçant officiellement pour aucune des motions, et restera l'homme fort d'EELV pour les prochaines échéances. Comme pour travailler sa stature de chef au-dessus des jeux d'appareil, il n'est arrivé que dans l'après-midi à Saint-Denis, quand la poussière des escarmouches entre tendances retombait.

"C'est la ligne portée aux européennes qui a gagné", et Julien Bayou, avec qui il n'a pas toujours eu d'affinités, "a parfaitement joué le jeu de la ligne choisie" au scrutin de mai, a-t-il estimé auprès de journalistes.

- "Tout ça pour ça" -

Avec ce congrès néanmoins, le parti n'aura pas réussi à s'épargner les longues et difficiles tractations dont il est coutumier, contrairement à l'objectif de rassemblement que beaucoup de cadres et de militants avaient fixé dès leur succès aux européennes (3e avec 13,5%).

Après notamment une soirée houleuse, vendredi, l'accord a été trouvé au forceps quelques minutes avant le dépôt des listes à 13H00.

"L'accord, c'est ce que nous proposions dès le 17 novembre, donc il y a le sentiment de +Tout ça pour ça+", a convenu Julien Bayou devant la presse. Lors de son discours, quelques heures plus tard, il a questionné, souriant jaune : "Quand est-ce qu'on adopte la bienveillance dans ce parti?"

"Je suis un peu déçu", mais "la progression d'un parti n'est jamais linéaire, il y a des phases de régression", a expliqué David Cormand, avant de relativiser : "A la grande époque (des divisions internes, NDLR), il y aurait eu une contre-majorité".

Le parti peut désormais se projeter sur les municipales de mars, et le temps dira si les prises de bec des jours écoulés laisseront des traces. EELV ambitionne de remporter plusieurs grandes villes, s'avançant comme la principale force de gauche.

Les dirigeants d'EELV ont aussi le regard tourné vers la présidentielle de 2022. Julien Bayou a plaidé pour une "alternance heureuse". Quant à Yannick Jadot, il a martelé : "C'était un congrès de conquête, de rassemblement et de dépassement".

"Julien Bayou devra être le dernier secrétaire national, parce qu'EELV doit se fondre dans une force plus large pour gagner", a ajouté M. Jadot. Il a confié vouloir fédérer un "arc politique rassemblant la génération climat et sa radicalité, et les entreprises qui s'engagent pour l'écologie".

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