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La Syrie dévalue sa monnaie sur fond de nouvelles sanctions américaines

La Banque centrale syrienne a officiellement révisé mercredi à la baisse la valeur de la monnaie locale face au dollar, après des semaines de forte dépréciation sur le marché noir et sur fond de nouvelles sanctions américaines devant entrer en vigueur mercredi.

Le taux de change officiel, appliqué depuis mars, a augmenté de 704 livres pour un dollar à "1.256 livres syriennes pour un dollar pour le financement des importations", a indiqué la Banque centrale dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux.

En ce qui concerne les "transferts en provenance de l'étranger", le taux officiel a augmenté à 1.250 livres pour un dollar, est-il ajouté.

Un dollar valait 47 livres avant la guerre déclenchée en 2011.

Selon la Banque centrale, l'amendement vise à "atteindre un prix d'équilibre" dans le but de "combler l'écart entre le prix du marché et le prix (appliqué aux) transferts de fonds (...)".

Elle explique cette décision par un contexte "provisoire" de "resserrement unilatéral des mesures économiques coercitives à l'encontre du peuple syrien par le biais de ce qu'on appelle la +loi César+ en plus de la crise économique persistante au Liban".

La livre syrienne connaît son pire décrochage depuis le début du conflit, ayant propulsé les prix à des sommets historiques et entraîné la semaine dernière des manifestations inédites dans les régions contrôlées par Damas.

Début juin, le billet vert a brièvement franchi le seuil des 3.000 livres syriennes, avant de reculer quelque peu.

Mercredi, le taux sur le marché noir variait entre 2.600 et 2.800 livres pour un dollar, ont indiqué des commerçants à l'AFP.

La dévaluation officielle intervient alors que les États-Unis s'apprête à appliquer cette semaine la loi César qui prévoit notamment un gel de l'aide à la reconstruction du pays et des mesures contre des entités étrangères collaborant avec le gouvernement syrien.

Selon Zaki Mehchy, chercheur au Chatham House, la Banque centrale cherche à "encourager les gens à utiliser les canaux officiels au lieu du marché noir".

Mais la livre continuera probablement de dévisser, avec des appréciations ponctuelles, ajoute-t-il.

Dévastée par neuf ans de guerre, l'économie syrienne est aussi fragilisée par l'actuelle crise financière au Liban, qui a longtemps permis d'acheminer des dollars dans les zones gouvernementales, soumises à des sanctions internationales.

D'après les analystes, la dégringolade de la livre syrienne est due à l'inquiétude face aux nouvelles sanctions américaines ainsi que par la disgrâce inattendue de l'homme d'affaires le plus fortuné du pays, Rami Makhlouf, cousin du président syrien.

Damas impute la crise économique et monétaire du pays aux sanctions internationales.

La semaine dernière, le président Bachar al-Assad a limogé son Premier ministre, Imad Khamis, après de critiques contre le gouvernement sur la gestion de la crise.

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