Accueil Actu Magazine Animaux

Les Français mangent de moins en moins de cheval, la filière hippophagique décroît chaque année

Les Français mangent de moins en moins de viande de cheval et le nombre de chevaux tués dans les abattoirs a fortement diminué avec seulement 5.252 animaux en 2021 contre plus de 20.000 en 2013, révèlent les acteurs de la filière viande, l'Interbev et l'IFCE.

Chaque année, la chute de la consommation de viande de cheval s'accentue. Près de 10% des Français ont mangé un steak de cheval en 2021, a indiqué à l'AFP Guy Arestier, président de la section équins d’Interbev qui élève des chevaux de trait de race bretonne dans le Lot.

"Historiquement, cette viande était vendue sur les marchés. C'est l'une des rares filières où la consommation passe par l'artisanat. L'évolution de la consommation est due au manque de chevaux, de trait comme de réforme, et à la fermeture de nombreuses boucheries hippophagiques", estime M. Arestier.

"On abat 5.252 chevaux et 40.000 partent à l'équarrissage, chaque année".

En 2005, la France comptait 1.035 boucheries chevalines, il n'en restait plus que 307 en 2018, selon la Fédération de la Boucherie Hippophagique de France.

Selon l'Institut du cheval et de l'équitation (IFCE), la forte baisse de la consommation est aussi due à son prix élevé.

"La viande de cheval en 2021 était vendue 18,50 euros le kilo en moyenne, le boeuf 15,30 euros le kilo et la volaille à 8,50 euros", a détaillé Mathilde Dhollande porte-parole de l'IFCE.

En 2021, la France a exporté 5.207 chevaux vivants destinés à la boucherie, dont une majorité de poulains de trait, principalement vers l’Italie et l’Espagne.

"Le peu qui est consommé en France provient de l'ensemble de l'Union européenne et de l'Amérique du Sud, Argentine et Uruguay", ajoute Mme Dhollande.

- "Patrimoine génétique" -

"Tous les équidés à la naissance sont considérés comme abattables et destinés à la consommation humaine. Ils peuvent être exclus mais pour des motifs médicamenteux : administration de substances qui vont les rendre impropres à la consommation", rappelle Mme Dhollande.

Selon elle, le rejet de la viande de cheval est aussi dû à des scandales alimentaires, de type Spanghero et aux associations animalistes qui défendent le cheval en tant qu'animal de compagnie.

En février 2013, le sous-traitant français Comigel, spécialisé dans la confection de plats surgelés distribués dans 16 pays d'Europe, avait retiré tous ses produits après la découverte en Grande-Bretagne de viande de cheval dans des lasagnes censées contenir du bœuf.

"Je suis scandalisée que la France soit un des derniers pays à manger des chevaux", a affirmé Brigitte Bardot dans un entretien accordé à l'AFP. "Non seulement nous continuons d'abattre les chevaux pour les manger mais en plus on leur fait subir des souffrances effrayantes en les expédiant dans des pays où l'on mange encore du cheval", s'indigne-t-elle.

La Fondation Brigitte Bardot a publié jeudi une vidéo de la foire aux chevaux de Maurs (Cantal) d'octobre, dénonçant des "sévices graves" infligés aux animaux. A la suite de cette diffusion, le parquet d'Aurillac a ouvert une enquête préliminaire sur cette foire du Cantal.

La France est le seul pays à compter neuf races de chevaux de trait : ardennais, auxois, boulonnais, breton, cob normand, franches montagnes, percheron, poitevin mulassier et trait du nord. La fin de l'hippophagie, combat de l'ancienne actrice Brigitte Bardot et d'autres défenseurs des animaux, pourrait marquer la fin de l'élevage de ces variétés de race de chevaux lourds.

"La filière chevaline permet de sauver nos neuf races de chevaux lourds, de conserver ce patrimoine génétique", affirme M. Arestier. "L'abattage est une fin de vie normale pour les chevaux".

À lire aussi

Sélectionné pour vous