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Le petit bout de femme de 88 ans au visage ridé, enveloppée dans une couverture traditionnelle, incarne l'art mondialement connu du peuple Ndébélé: Esther Mahlangu fait l'objet d'une rétrospective ouverte cette semaine au Cap, avec une centaine d'oeuvres qui voyageront ensuite aux Etats-Unis et en Europe.
"L'art Ndébélé est en moi, je suis née avec", explique l'artiste à l'AFP lors d'un entretien à la Iziko South African national gallery. "Partout où je marche, je pense à mon travail. Partout où je m'assois, je pense à mon travail", dit la Sud-Africaine qui n'a jamais posé son pinceau fait d'une plume de poulet.
Originaire de la province agricole et charbonnière du Mpumalanga (nord-est), Esther Mahlangu a appris les techniques ancestrales de la peinture murale dès l'âge de dix ans auprès de sa mère et sa grand-mère.
Les Ndébélé décorent traditionnellement les murs des maisons avec des peintures aux formes géométriques et aux couleurs vives.
Longtemps cantonnée au domaine de l'artisanat traditionnel dans son propre pays, Ester Mahlangu a été révélée sur la scène internationale par une exposition à Paris en 1989. Sa maison rurale du Mpumalanga, au toit de chaume et ornée de peintures, avait attiré l'attention du Centre Pompidou.
Révolutionnant cet art traditionnel avec de nouvelles techniques, remplaçant notamment les pigments naturels par des peintures acryliques, l'artiste décrite par certains comme "une légende vivante" a transporté son art des murs à la toile et à de nombreux autres supports.
"La façon dont elle influence l'espace est quelque chose d'incroyable", souligne la commissaire d'exposition Nontobeko Ntombela. "Esther a une dimension architecturale et géographique dans son travail, que l'on ne voit chez aucun autre".
Ses collaborations avec de grandes marques l'ont propulsée au cours des 30 dernières années sur la scène médiatique. La BMW qu'elle a peinte dans les années 1990 pour le constructeur allemand est notamment une des pièces maîtresses de la rétrospective.