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Il est l’égérie de la gay pride. D’origine algérienne, Hocine vit en Belgique depuis 20 ans. Reconnu pour sa voix, il est l’une des rares drag queen à chanter en live. Ce qui lui a permis de parcourir le monde. Depuis quelques mois, il est la star d’un cabaret bruxellois. Rencontre avec un artiste militant au parcours hors du commun.
"Je suis quelqu’un de très timide et très pudique". Il ne montre jamais son vrai visage, comme pour mieux séparer le personnage qu’il incarne sur scène, la diva, de l’homme qu’il est dans la vie.
Quand Hocine nous reçoit dans son cabaret, il est déjà maquillé. Une manière d’entretenir le mystère et surtout de préserver son intimité. "Peut-être que c’est une façon de se protéger et de ne pas être reconnu. Par exemple, quand je sors boire un verre, j’aime bien les gens qui me connaissent et qui viennent me parler, mais pas nécessairement. Il y a des fois où j’ai envie d’aller manger, boire un verre sans que les gens viennent me parler de la diva", confie Hocine.

Cette apparente discrétion vient peut-être de son enfance. Hocine est né en Algérie, où il a vécu jusqu’à ses 20 ans, une vie heureuse mais troublée par une solitude et un isolement lié à son orientation sexuelle. "En fait, ce qui est difficile à vivre, ce n’est pas le fait d’être gay mais c’est le fait de ne pas avoir de référence, de ne pas savoir, de ne pas pouvoir échanger, en parler. C’est ça le plus dur en fait. Et c’est grâce à la pop anglaise que je me suis rendu compte qu’il y avait des gens comme moi. Je me suis dit qu’il y a des gens comme moi qui réussissent dans la vie, qui sont heureux. Ça a été très important pour moi. Cela a vraiment changé ma vie", explique la diva.
Je ne pensais pas devoir partir un jour
"Le jour où j’ai compris que je ne pourrai plus vivre en Algérie, ça a vraiment été un choc pour moi parce que je ne pensais pas devoir partir un jour. Mais être gay en Algérie, ce n’était pas très souhaitable parce que la loi est anti-gay", rappelle-t-il avant d’enfiler sa perruque.
Hocine a vécu en France, en Grande-Bretagne, mais c’est à Bruxelles qu’il est devenu l’égérie de la gay pride au début des années 2000, en incarnant le personnage de la diva live, dont la singularité est de chanter en direct.
Sa popularité l’a mené en Chine, en Hongrie. Aujourd’hui, il ne cache pas son inquiétude sur le sort réservé aux minorités dans certains pays."Malheureusement, les extrêmes gagnent les élections partout. Les extrémistes montent. Et là, la Hongrie a voté une loi pour interdire la marche des fiertés. Ce qui est incroyable. Ça fait peur. Et je pense que l’Europe doit continuer à rester un havre de protection pour les minorités", regrette Hocine.
Sur scène depuis 20 ans, la diva prône la diversité et n’a pas fini de chanter à travers le monde pour défendre le droit de toutes les communautés.


















