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Groupe qui décloisonne le metal, Metallica s'est imposé comme un poids lourd de l'industrie musicale, avec un nouvel album classé secret défense avant sa sortie, comme pour le dernier disque de la mégastar Adele.
La précédente tournée mondiale, commencée en 2016 avant d'être interrompue en 2020 en raison de la crise sanitaire, a rapporté plus de 400 millions de dollars, selon le magazine Forbes.
"Metallica fait partie d'un nombre limité de locomotives, toutes musiques confondues, qui intéresse un plus large public que ses fans purs et durs", expose à l'AFP Ben Barbaud, patron du Hellfest, festival français dédié au metal (420.000 spectateurs l'an dernier).
Le quatuor californien est parvenu à "transcender les genres, jouant au concert hommage de Freddie Mercury alors qu'il vient du metal", rappelle pour l'AFP Luc Frelon, programmateur de la webradio française Fip Metal.
"Il n'y a pas forcément d'équivalent, ce qui pose la question du renouvellement de la scène metal, qui n'a pas de relève aussi iconique", poursuit-il.
Ben Barbaud se souvient de musiciens "détendus" bien qu'entourés "d'une machine impressionnante, d'une équipe proche de la centaine de personnes".
- Pass ultra-VIP -
Noblesse oblige, pour la prochaine tournée des stades, le pass ultra-VIP est à plus de 7.000 dollars pour huit personnes et deux soirées.
Car la formation californienne voit double à chaque fois dans cette tournée, passant ainsi au Stade de France, à Saint-Denis au nord de Paris, les 17 et 19 mai.
"C'est devenu une espèce de monstre du rock-business en tournée, les membres du groupe ont peut-être perdu la main face à un management géant, même si je suis le premier à aller aux deux soirées du Stade de France", commente Luc Frelon.
Plus rien à voir, donc, avec l'époque du premier album en 1983 ("Kill 'em all", "Tuez-les tous") et la niche où ils apparaissent, celle du thrash metal, pas la plus accessible musicalement.
Dernièrement, le groupe a même racheté pour ses propres besoins une usine de pressage de vinyles, alors que ce support vient de dépasser les ventes de CD pour la première fois aux États-Unis.
La vie des membres fondateurs, James Hetfield, chanteur et guitariste, et Lars Ulrich, batteur, bientôt sexagénaires, a changé en 1991 avec ce que l'on nomme aujourd'hui le "Black Album".
Ce 5e opus leur permet de toucher le grand public, avec les tubes "Enter sandman" et "Nothing else matters". Respectivement un peu plus et un peu moins d'un milliard d'écoutes sur Spotify, leader des plateformes musicales.
- Dans une série -
"Metallica a participé à la démocratisation du metal dans des pays comme la France qui a longtemps fait un blocage alors que dans les pays nordiques le metal s'inscrit dans la culture populaire, (le télécrochet) The Voice y accueillant des chanteurs de metal", expose à l'AFP Pierre Pauly, programmateur des Francofolies.
Ce festival français généraliste propose aussi une nuit metal depuis 2019 à côté des têtes d'affiche familiales.
Le morceau "Master of puppets" (1986) a même intégré la série à succès de Netflix "Stranger things".
Signe de leur statut, pour écouter en amont "72 seasons", qui sort ce vendredi, les critiques devaient se plier aux mêmes contraintes que pour le dernier Adele: laisser leur téléphone au vestiaire dans la maison de disques et signer une décharge de confidentialité avant levée d'embargo. Alors que pour la plupart des artistes, disques ou liens d'écoute sont transmis à la presse en amont.
Les fans et les curieux pourront l'écouter la veille de sa sortie dans certaines salles de cinéma réquisitionnées dans le monde. Et découvrir les 12 titres, dont plusieurs calibrés pour les stades, comme "You must burn !".
"C'est un des grands groupes qui continue à sortir des disques qui se tiennent, là il y en a sept ou huit vraiment costauds même s'ils sont parfois trop bavards", décrit Luc Frelon. L'album s'achève sur un morceau de bravoure, "Inamorata", plus de 11 minutes.
pgr/may/abl