Partager:
Emmanuel Carrère ou Laurent Mauvignier ? Sauf surprise, le prix Goncourt devrait sacrer ce mardi l’un de ces deux écrivains français de premier plan, dont les nouveaux romans sont applaudis par les critiques et les lecteurs. Mais une Belge figure aussi parmi les quatre derniers candidats en lice.
Les 10 jurés de l’Académie Goncourt se réunissent ce mardi à la mi-journée à Drouant, célèbre restaurant proche de l’Opéra à Paris, pour se mettre d’accord sur le nom du lauréat du plus illustre des prix littéraires français.
Les candidats encore en lice sont quatre, dont trois Français : Nathacha Appanah avec « La nuit au cœur » (Gallimard), Emmanuel Carrère avec « Kolkhoze » (P.O.L), et Laurent Mauvignier avec « La maison vide » (Minuit). Mais une Belge figure également dans ce top 4 : Caroline Lamarche pour « Le bel obscur » (Seuil).
Les favoris
Mais, selon les derniers pronostics, la compétition devrait se jouer entre Emmanuel Carrère, 67 ans, souvent récompensé mais jamais encore par le Goncourt, et Laurent Mauvignier, 58 ans, qui n’a pas encore reçu de grands prix d’automne. Nathacha Appanah faisait également figure de possible lauréate jusqu’à ce qu’elle obtienne lundi le prix Femina. Or il est extrêmement rare qu’un même auteur reçoive deux prix prestigieux pour le même livre.
Quant à Caroline Lamarche, ses chances semblent minces, même si son livre a été bien accueilli par la critique. Après près de 30 ans de carrière, et une dizaine de romans à son actif, c’est la toute première fois que l’écrivaine belge est sélectionnée pour le prix Goncourt. Pour son roman « Le bel Obscur », Caroline Lamarche a puisé une fois de plus dans son histoire personnelle, en racontant l’homosexualité de son mari, et celle d’un vieil oncle dont l’histoire a été gommée de la famille. Un récit qui se veut féministe, et engagé contre l’homophobie.
En 2024, le suspense avait été moins intense avec « Houris », du Franco-Algérien Kamel Daoud, très vite considéré comme le grand favori.
Des fresques familiales
Si leur style d’écriture est très différent, Emmanuel Carrère et Laurent Mauvignier ont en commun d’avoir chacun écrit une vaste et ambitieuse fresque familiale, respectivement de 560 et 750 pages.
« Kolkhoze » fait voyager le lecteur. Il l’emmène en Géorgie et Russie sur les traces de la famille de la mère de l’auteur, l’historienne et académicienne Hélène Carrère d’Encausse, décédée en 2023 à 94 ans. Ce livre « a été facile à écrire », a reconnu Emmanuel Carrère, en indiquant l’avoir « écrit dans un rapport affectueux avec tous les gens » dont il parlait.
A contrario, « La maison vide » est ancrée dans un lieu immobile, la bâtisse d’un village de Touraine où ont vécu les ascendants de Laurent Mauvignier. Il raconte les joies – rares – et les peines d’une famille corsetée par les traditions et frappée de plein fouet par les deux guerres mondiales du XXe siècle. « Je crois que mon histoire familiale ressemble à celle de millions de Français, avec ses zones d’ombre et ses parts plus glorieuses », a expliqué Laurent Mauvignier.
« Kolkhoze » et « La maison vide » font partie des romans les plus vendus depuis le début de la rentrée littéraire, à la satisfaction des maisons d’édition P.O.L et Minuit, toutes deux liées à Madrigall, le groupe de Gallimard.


















