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Trois choses à retenir de l’annonce récente d’OpenAI, l’entreprise qui développe ChatGPT et qui a lancé la course à l’intelligence artificielle.
1. L’intégration de services : l’avènement de ChatGPT en tant que plateforme
L’annonce principale d’OpenAI concerne l’intégration de services et d’applications au sein même de l’interface de ChatGPT. Concrètement, les utilisateurs pourront bientôt accéder à des applications comme Spotify, Booking.com, ou Tripadvisor directement via le système de l’IA.
Cette fonctionnalité est perçue comme une petite révolution. Par exemple, un utilisateur pourra créer des playlists diffusées automatiquement sur Spotify ou réserver un week-end à Barcelone sans quitter l’interface de discussion de ChatGPT. Le service devient alors un super assistant qui gère l’intégralité des tâches demandées.
En réalité, il ne s’agit pas seulement d’un store d’application, mais d’une tentative de créer un système d’exploitation, un écosystème, une plateforme (c’est difficile de le définir clairement car ça n’a jamais existé). On peut voir l’avenir de ChatGPT comme l’interface transparente entre l’utilisateur et les applications. Ce système permet de faire le travail de manière fluide pour l’utilisateur, allant jusqu’à générer des éléments nécessaires et les injecter directement dans l’outil approprié. L’interface pourrait même évoluer vers la voix, proposant des interactions prédictives, comme suggérer une activité, un repas, une sortie, une playlist, etc.
2. La stratégie derrière la plateforme : attirer les développeurs et l’audience
La stratégie d’OpenAI, pilotée par Sam Altman, vise à consolider la position de ChatGPT comme l’endroit par défaut où les utilisateurs posent toutes leurs questions, devenant leur centre de vie numérique.
OpenAI cherche d’abord à capter les développeurs et les entreprises. Le lancement s’est adressé aux développeurs, les invitant à créer des applications pour la plateforme. En visant les entreprises (B2B) avec des fonctionnalités utiles mais moins spectaculaires, en plus de fonctions grand public (B2C) plus attrayantes, Sam Altman adopte une approche visant à générer des revenus solides (à l’image des succès de Microsoft ou SAP).
Ce nouvel écosystème pourrait être un véritable Eldorado pour les créateurs d’applications. La création d’une plateforme est un événement rare, et OpenAI a déjà surmonté le principal défi initial : l’audience. ChatGPT revendique déjà 800 millions d’utilisateurs hebdomadaires. La plateforme arrive avec son sac déjà bien rempli de data et de users, inversant le problème classique du besoin d’applications pour attirer les utilisateurs (et vice-versa, l’histoire de l’œuf ou la poule…).
3. Impact majeur : concurrence, données et futur numérique
La transformation de ChatGPT en plateforme soulève d’énormes questions et redéfinit le paysage concurrentiel.
- Un défi pour les géants établis. Cette annonce peut être perçue comme un solide avertissement pour les acteurs du SEO (optimisation de contenu pour les moteurs de recherche) et de la publicité. Google a de nouveaux soucis à se faire, car ChatGPT et d’autres outils d’IA sont en train de se substituer au moteur de recherche comme point d’entrée par défaut pour trouver des réponses. Deux autres figures du numérique sont vues comme des perdants potentiels : Elon Musk, qui rêve depuis longtemps de créer un équivalent de WeChat avec sa plateforme X, et Mark Zuckerberg (Meta), qui avait raté le train des plateformes mobiles et voit OpenAI prendre de l’avance pendant que son Métavers stagne.
- L’anticipation du modèle de rentabilité qui rend les plateformes de moins en moins agréables pour l’utilisateur : c’est le phénomène d’enshittification. Historiquement, les plateformes suivent un cycle : d’abord, elles séduisent les utilisateurs (étape presque achevée pour OpenAI), puis elles attirent les entreprises (objectif actuel), et enfin, elles se focalisent sur les marges, au détriment des clients et des entreprises. C’est un mouvement naturel que l’on a pu observer avec des services comme Netflix (pas cher au début) ou Facebook (avec peu de pub au début), et il est difficile de croire qu’OpenAI y échapperait.


















