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« On va faire un retour en arrière » : qu’en sera-t-il de l’intelligence artificielle en 2026 ?

Par RTL info avec Martin Buxant
Michel Herquet, spécialiste en intelligence artificielle, était l’invité de Martin Buxant dans le 7h50 de bel RTL. L’occasion de faire le bilan de l’année 2025 : l’IA a-t-elle tenu ses promesses ? Mais aussi de comprendre ce qu’on peut attendre de cette technologie pour l’année à venir.

Après une année 2025 marquée par une avalanche d’annonces et de promesses en matière d’IA, une question simple se pose. Où en est-on vraiment en matière d’intelligence artificielle ? Est-ce que 2025 est l’année où l’IA est devenue vraiment normale dans nos vies ?

Oui, je pense que c’est en tout cas l’année où elle a commencé à s’intégrer de plus en plus dans nos activités quotidiennes. Si vous ouvrez aujourd’hui votre smartphone et que vous regardez les cinq ou dix applications que vous utilisez le plus, vous allez réaliser que quasiment toutes ces applications aujourd’hui intègrent de l’IA et rendent possible toute une série de choses via l’IA. Je pense à WhatsApp et à Facebook notamment. On n’a plus affaire à des outils séparés. L’année passée, on avait ChatGPT qui était un outil séparé. Le fait que l’IA soit désormais directement intégrée dans quasiment toutes nos applications quotidiennes, c’est vraiment la nouveauté de 2025. La banalisation de l’intelligence artificielle.

En quelques mois, on a vu surgir plein de nouveaux modèles américains, chinois, européens. Est-ce que c’est le signe d’un progrès spectaculaire en matière d’intelligence artificielle ou bien c’est une course effrénée entre les géants du secteur qui ne se termine pas ?

Il y a certainement une multiplication des modèles. Mais est-ce que ça correspond vraiment à une augmentation dramatique de performance ? Pas vraiment. En fait, on voit qu’on a plutôt une courbe qui sature, comme on dit, en termes de performance, c’est-à-dire qu’on commence à plafonner. Alors, on a des modèles qui peuvent être plus performants dans le sens où ils coûtent moins cher à être produits, ou à être exécutés. Mais en termes de performance brute, on a encore des augmentations régulières, mais on n’est pas du tout face aux augmentations exponentielles qu’on a pu vivre il y a encore un ou deux ans.

Il y a donc un léger tassement sur la performance de l’intelligence artificielle. Mais est-ce que notre productivité augmente grâce à elle ?

Il y a eu des grandes promesses et force est d’admettre qu’on n’est pas encore tout à fait face à ces promesses tenues. On peut détecter qu’il y a dans certains secteurs, des augmentations de productivité, voire des modifications drastiques. Je pense à la traduction, à la production graphique etc. On voit des impacts assez majeurs, mais de façon générale, je dirais qu’on est un petit peu en dessous des attentes espérées. C’est un constat assez systématique en termes de technologie. On a toujours tendance à surestimer un peu l’impact à court terme, et à sous-estimer celui à long terme d’ailleurs.

À quoi faut-il s’attendre en 2026 en termes d’intelligence artificielle ?

Je pense qu’on va peut-être revenir un peu en arrière par rapport à un mythe d’une IA monolithique toute puissante qui serait capable de faire plein de choses simultanément. À mon avis, on va évoluer plutôt vers des modèles plus collaboratifs où on va déployer des IA qui seront peut-être plus petites, qui auront peut-être des rôles un peu plus déterminés, mais qui seront très efficaces dans leur méthode de collaboration avec les humains. Donc, on va en fait venir ajouter des « employés IA » dans les sociétés qui collaboreront avec les employés existants.

Don pas d’IA qui va diriger toute la société, mais selon certains, on avancerait vers une super intelligence qui serait proche de comprendre le monde dans sa globalité. Est-ce que c’est vrai ?

Malgré les propos récents de quelques géants de la tech, je ne pense pas qu’on en soit proche, parce qu’on voit justement que les modèles actuels, en tout cas les modèles de langage plafonnent en termes de performance. Et donc, il n’est pas du tout improbable qu’on doive faire marche arrière par rapport à notre approche de cette intelligence. Peut-être que le langage n’est pas la bonne approche.

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