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Des élus opposés à l'autoroute Toulouse-Castres ont dénoncé ce projet en soulignant sa "totale contradiction avec l'urgence climatique" vendredi, à la veille d'une manifestation sur le futur tracé de l'A69, où sont attendues quelque 2.000 personnes.
"Il y a une chance encore d'arrêter (le chantier), même si elle est mince. Il faut continuer" à s'opposer à ce projet, a déclaré lors d'une conférence de presse à Vendine Gilbert Hébrard, ancien maire de cette commune de Haute-Garonne, à la limite du Tarn, où des opposants ont dressé des tentes dans des platanes pour en empêcher l'abattage.
"Ce projet est devenu emblématique de la lutte climatique", a ajouté à ses côtés Sabine Mousson, maire de Teulat, commune tarnaise qui serait, a-t-elle précisé, "coupée en deux" par la future autoroute.
Vendredi soir, le ministère des Transports a fait savoir que Clément Beaune avait demandé dès janvier une revue des projets autoroutiers, soit sept projets, dont celui de l'A69.
Ces revues doivent être menées d'ici l'été, l'objectif étant de "réinterroger chaque projet au regard des enjeux actuels: lutte contre l'artificialisation des sols, réduction des émissions de CO2, mais aussi désenclavement des territoires", selon la même source.
"Le projet d'A69 ne fait pas exception à cette démarche de réexamen", ajoute le ministère, tout en nuançant immédiatement, du fait de son état d'avancement: "les travaux ont débuté, et un contrat engageant l'Etat a été signé avec le concessionnaire".
Vendredi, des dizaines d'affichettes contre l'A69, et défendant plutôt un aménagement de la route nationale existante, étaient toujours là, collées sur les arbres menacés à l'entrée de Vendine.
Mais ce village, épicentre de l'opposition à l'A69 depuis plusieurs semaines et où certains dorment dans des tentes, était quelque peu déserté.
Le rassemblement de samedi et les activités du weekend, dont des conférences et une course de "bolides" allant "le plus lentement possible", sont en effet prévues à Saïx, à quelque 37 km de là, dans le Tarn.
"On peut en débattre, mais pas en découdre", a pour sa part averti le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, sur France Info vendredi matin, ajoutant que les autorités n'ont "pas de renseignement qui démontre que dans le Tarn, les gens aient une envie absolue de violence".
Lors de leur conférence de presse à Vendine, les élus ont pointé la disparition de terres agricoles ou le risque d'une plus grande concentration de la population dans la métropole toulousaine.
"Cette autoroute ne va pas désenclaver Castres, mais rendre Toulouse encore plus attractive", a estimé Antoine Maurice, tête de liste EELV battu de justesse aux municipales à Toulouse en 2020.
Cet opposant au maire de centre-droit Jean-Luc Moudenc a proposé un renforcement de la liaison ferroviaire Toulouse-Castres, avec un train toutes les heures au lieu d'une dizaine par jour actuellement.
De son côté, Atosca, concessionnaire privé de l'A69, qualifie son projet d'"exemplaire" en termes de respect de l'environnement ou de création d'emplois. Concernant les terres agricoles, l'emprise prévue a été réduite de 380 à 300 hectares, selon son directeur général Martial Gerlinger.
D'autres élus du Tarn, de tous bords politiques, soutiennent l'autoroute, qui pourrait réduire d'une vingtaine de minutes le trajet Castres-Toulouse en 2025, contre un peu plus d'une heure aujourd'hui.