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Malgré le feu vert du permis de bâtir, la future centrale biomasse de Visé inquiète toujours: "C'est à 200 mètres des maisons"

Depuis de nombreuses années, des riverains et associations s'inquiètent et jugent que cette future centrale n'est rien d'autre qu'un "incinérateur déguisé". Qu'en est-il exactement ?

C'est un dossier épineux qui a pris une nouvelle tournure cette semaine à Visé dans la province de Liège. Le Collège communal a accordé le permis de construire et d'exploitation du projet de centrale de biomasse 'Bee Green Wallonia' sur le site de la cimenterie CBR, à Lixhe.

Ce projet consiste à produire de l’électricité et de la chaleur en incinérant des déchets de bois "non dangereux et en fin de vie, c’est-à-dire ne pouvant plus être recyclés et pour lesquels l’incinération couplée à la production d’énergie est à l’heure actuelle la seule voie de valorisation possible", a expliqué le Collège.

Problème, depuis de nombreuses années des riverains et associations s'inquiètent et jugent que cette future centrale n'est rien d'autre qu'un "incinérateur déguisé". Ils craignent des répercussions sur la santé des habitants.

Tous les feux sont au vert

L'association "Défendons nos villages" (DNV) nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous. "Il va de soi que nous ne pouvons que nous opposer à cette décision pour des raisons bien évidentes. (...) Cet incinérateur de déchets de bois traités brûlerait "des tonnes de bois par an, dont une partie importante est contaminée par de la peinture, de la laque, du vernis et d'autres substances cancérigènes", estime DNV.

On fait comme s'il n'y avait pas de village aux alentours

Il y a peu, le Collège communal avait déjà émis un avis favorable à l'unanimité et sous certaines conditions: contrôle stricte des particules fines, exclusion totale de déchets dangereux, contournement du village de Loën par la création d'une voierie, etc.  A cela s'ajoute le feux vert de la région wallonne et celui du fonctionnaire délégué. Mais cela ne suffit toujours pas à rassurer des personnes provenant de différents groupes d'intérêt de Visé, mais aussi de Maastricht et Eijsden, ainsi que le comité des habitants de Lixhe et Lanaye dont "Défendons Nos Villages ". Jean-Pierre Henquet de DNV exprime: "C'est un très mauvais projet. On fait comme s'il n'y avait pas de village aux alentours. C'est terrible. C'est à 200 mètres des maisons."



Inquiétudes persistantes

Au total, 85.000 tonnes de déchets de bois seront incinérées en lieu et place des 175.000 initialement prévus il y a quelques années. "Vous prenez un tas de fumier, vous le coupez en deux, il reste un tas de fumier. Le monde politique de Visé veut brûler 85.000 tonnes de bois contaminés et par ce fait produira plus de gaz à effet de serre et des polluants supplémentaires dans la région et particulièrement sur les villages de Lixhe et Lanaye. Si cette installation biomasse voit le jour, la qualité de l’air y serait encore dégradée", ajoute DNV. 

Une question "d'équilibre"

Xavier Malmendier est l'échevin de l'Environnement à Visé et fait partie du Collège qui a émis l'avis favorable. Il tient à mettre en avant deux points positifs dans le projet de cette centrale: le respect strict des normes environnementales et la création d'emploi: "On s'est prononcé après avoir reçu l'avis de différentes administrations concernées : l'agence de l'eau, l'agence de l'air, du sol, de l'environnement.  Toutes les administrations spécialisées ont remis des avis positifs. (...) Le groupe (à l'origine du projet) est un très gros employeur dans la région. Cela va créer de nouveaux emplois. 

L'échevin estime que la décision du collège représente un vrai consensus: " Après avoir consulté les analyses, pesé le pour et le contre, on a considéré que les conditions étaient réunies. Pour nous il s'agissait de trouver un équilibre. Le monde n'est pas blanc, il n'est pas noir. Il est gris. Il faut essayer de trouver le point d'équilibre qui puisse satisfaire tout le monde. Et c'est ce qu'on a essayé de trouver en mettant de grandes exigences."

Recours en cours

Sans prendre en compte l'issue des recours, la centrale biomasse ne devrait pas voir le jour avant 2024.

"C'est un petit peu simple de dire 'non' par principe. Des gens sont contre le nucléaire, contre la biomasse, … que va-t-il nous reste pour produire de l'électricité ? C'est beau de passer par la transition énergétique mais il faut aussi oser avancer là-dedans. Qu'est-ce qu'on fait de ces vieux meubles ou châssis qu'on a chez soi ? On les brule au fond de son jardin ? On les jette au fond de son jardin comme un vieux dégueulasse ? On met ça sur un bateau pour l'Afrique ? C'est encore plus dégueulasse", conclut Xavier Malmendier. 

De son côté Jean-Pierre Henquet de l'asbl "Défendons nos villages" annonce déjà la couleur: " On est décidé à aller beaucoup plus loin. On ira en recours au niveau de la Région wallonne, c'est la première étape. Si ca ne fonctionne pas, on ira au Conseil d'État."

Affaire à suivre...

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