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Mercosur: les agriculteurs français battent le pavé contre le projet d'accord

"Macron, trahison": des agriculteurs, qui redoutent un afflux de viande bovine en provenance d'Amérique du sud, ont manifesté mercredi dans toute la France, à la veille de l'accueil de 1.000 d'entre eux à l'Elysée et à trois jours du salon de l'Agriculture.

Les négociations en vue d'un accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay et Uruguay) ont repris ce mercredi à Asuncion et les éleveurs français craignent l'importation chaque année en Europe de 70.000 tonnes de viande bovine sud-américaine, sans droits de douane.

"Le gouvernement français nous abandonne. On nous promet des choses, des revalorisations dans le cadre des Etats généraux de l'alimentation (clos en décembre, NDLR) et de l'autre côté, on signe des accords pour importer de la viande de pays où les normes ne sont pas les mêmes", a déploré auprès de l'AFP Sébastien Poncet, président des Jeunes Agriculteurs de l'Isère, au péage de Vienne.

Avec une cinquantaine d'agriculteurs, il distribuait des tracts aux automobilistes pour "alerter les consommateurs".

"Sur le Mercosur, nous l'avons toujours dit, pour ce qui concerne la filière bovine, le compte n'y est pas", a déclaré mardi soir le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert, dans un message de soutien aux agriculteurs.

La France souhaite "faire en sorte que ce contingent de 70.000 tonnes soit bien séparé entre viande fraîche et viande congelée, d'une part", a indiqué le ministre, qui a également exprimé le souhait que soient pris en compte les standards de qualité et sanitaires en vigueur en France.

"La France défend sa filière bovine", a clamé le ministre, mercredi devant l'Assemblée nationale, réitérant les positions exprimées la veille.

Malgré ce message, une soixantaine d'agriculteurs ont défilé à bord de leurs tracteurs dans les rues de Clermont-Ferrand et ont rejoint en début d'après-midi les abords de la préfecture du Puy-de-Dôme.

"On comprend pas, le président Macron vient présenter ses vœux en Auvergne en nous disant : +vous travaillez bien, on compte sur vous+ et après il va signer des accords pour couler l'agriculture. Son beau discours, c'était un mensonge", a regretté Jean-François Couturier, planteur de betteraves à Beauregard-l'Evêque (Puy-de-Dôme).

- "Dindon de la farce" -

Dans le Nord, un cortège d'environ 250 agriculteurs et éleveurs avec une trentaine de tracteurs a traversé Lille en début d'après-midi, depuis le Conseil régional jusqu'à la préfecture.

"Le poulet venu du Brésil coûtera deux fois moins cher, mais produit avec des médicaments, des hormones etc. Soit on va perdre nos marchés, soit on va s'aligner en sachant que nos charges sont bien supérieures", a expliqué à l'AFP Matthieu Leroy, membre des Jeunes agriculteurs du Nord.

De nombreuses actions ont également touché le Grand-Est: à Bar-le-Duc (Meuse), "entre 80 et 90" agriculteurs dans "une vingtaine" de tracteurs ont déversé du fumier devant le bâtiment de la direction départementale des territoires avant de se diriger vers la préfecture, selon des sources syndicales.

"Aujourd'hui, on mélange tout et l'agriculture française se retrouve le dindon de la farce", a expliqué à l'AFP Céline Maginot, présidente de la FDSEA de la Meuse. Selon elle, en Amérique du Sud, "ils utilisent des hormones de croissance pour l'élevage, de l'eau de javel pour décontaminer les viandes, les OGM et des modes d'engraissement intensif".

Les agriculteurs étaient également mobilisés dans l'Ouest et le Sud-Ouest.

A Bordeaux, une cinquantaine de paysans ont manifesté près de la préfecture de la Gironde, avec quelques tracteurs et deux vaches, des Blondes d'Aquitaine. "Macron ,Trahison" ou "Mercosur, distorsion à coup sûr", pouvait-on lire sur de grandes bâches noires.

A Nantes, 65 tracteurs et 130 manifestants étaient dénombrés devant la préfecture de Loire-Atlantique, selon une source policière.

Et les céréaliers ont aussi fait part de leur inquiétude.

"En cas d'accord, les contingents d'importation sans droit de douanes, proposés en blé et maïs, entraîneront une nouvelle chute des prix européens, au détriment des agriculteurs", a ainsi déclaré Philippe Pinta, président de l'AGPB (producteurs de blé) dans un communiqué.

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