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Assemblée: malaise grave d'une fonctionnaire au bout d'une journée compliquée pour le gouvernement

Un "drame" dans l'hémicycle - le malaise cardiaque d'une fonctionnaire évacuée - est venu clore une nouvelle journée houleuse jeudi à l'Assemblée nationale, avec un gouvernement mis en échec sur l'obligation vaccinale pour les soignants et sur le statut d'EDF.

La séance de nuit a été interrompue vers 23H00, après l'accident cardiaque de cette rédactrice du service du compte rendu. Elle a été réanimée dans l'hémicycle même par deux députés puis son état a été "stabilisé" par les pompiers de l'Assemblée puis le Samu, avant son évacuation vers un hôpital, a indiqué la présidente de l'institution, Yaël Braun-Pivet.

"Dans ces moments-là, l'Assemblée nationale est forte des membres qui la composent", élus et personnels, qui forment "une grande communauté", a-t-elle souligné dans une brève prise de parole peu avant minuit depuis le perchoir.

Cet incident grave a fortement secoué l'Assemblée, au bout d'une journée qui avait déjà été éprouvante.

- "Complotisme" -

Les députés avaient d'abord adopté en première lecture une proposition de loi pour abroger, et pas seulement suspendre, l'obligation vaccinale anti-Covid des soignants, un premier échec pour le gouvernement.

"Le complotisme l'a emporté sur la science", a déploré le ministre de la Santé François Braun, s'opposant à un texte qui va selon lui "affaiblir notre capacité de réponse" face au Covid et qui envoie un "message regrettable".

Le gouvernement a déjà annoncé la réintégration à venir des soignants non-vaccinés, après un avis de la Haute autorité de Santé (HAS). Elle pourrait débuter dès le 15 mai.

Mais la proposition gouvernementale est insuffisante pour de nombreux députés d'opposition, notamment d'Outre-mer. A l'instar de Jean-Victor Castor (Guyane), auteur du texte étudié dans le cadre d'une journée réservée à son groupe à majorité communiste.

"Le décret ne fera que suspendre les suspensions (de personnels), laissant la possibilité au gouvernement" d'y recourir à nouveau, a insisté le député. Son texte prévoit également que les agents "conservent le droit à l'avancement qu'ils possédaient avant la suspension".

Le débat est resté globalement calme, loin de l'embrasement qu'avait suscité un texte de La France insoumise portant sur le même sujet, en novembre dernier.

Les députés de gauche se sont attachés à rejeter les accusations en "complotisme". "Je redis le respect que nous avons pour les scientifiques, pour la vaccination", a insisté le secrétaire national du PCF Fabien Roussel.

Les députés de la majorité présidentielle se sont tous prononcés contre. Insuffisant face aux voix combinées des oppositions, qui ont fait passer le texte avec 157 voix contre 137.

Ce vote a fait vivement réagir plusieurs organisations de soignants. Le vice-président du Conseil national de l'ordre des médecins, Jean-Marcel Mourgues, a dit son "incompréhension", alors que "le Covid continue de rendre malade et de tuer beaucoup de monde".

- Obstruction -

Dans la soirée, communistes et socialistes ont transformé l'essai contre le gouvernement, avec un texte de Philippe Brun (PS), adopté en deuxième lecture, qui prévoit notamment que le capital d'EDF soit détenu à 100% par l’État. Pour s'y opposer, le gouvernement argue qu'il mène déjà une opération de nationalisation.

Épaulé par le communiste Sébastien Jumel, le député socialiste veut également graver dans la loi les activités d'EDF, pour empêcher tout projet de "démantèlement", soupçonnant l'exécutif de ne pas avoir renoncé à un projet controversé de restructuration. Ce dernier dément fermement.

La proposition de loi prévoit aussi d'étendre les tarifs réglementés de l'électricité à certaines entreprises et, ont ajouté les députés, à des collectivités. Le texte va poursuivre sa navette avec le Sénat.

En ce premier anniversaire de l'alliance de gauche Nupes, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire s'est élevé contre "une journée à 10 milliards d'euros" à l'Assemblée, qui risque d'"envoyer la France dans le décor".

En début de matinée, les communistes avaient échoué à faire adopter une résolution non contraignante, condamnant le "régime d'apartheid institué par l'État d'Israël".

La course contre la montre inhérente aux journées de "niche" a bouleversé le programme du groupe, qui a renoncé à trois textes à la dernière minute: l'un pour repousser l'ouverture à la concurrence des bus RATP, un autre pour sanctuariser des lignes du réseau SNCF et enfin un dernier pour prioriser l'emploi dans les Outre-mer de fonctionnaires d'État issus de ces territoires.

Restait au menu de la soirée la proposition d'indexer la dotation globale de fonctionnement des collectivités sur l'inflation. Les interventions des ministres Bruno Le Maire et Gabriel Attal avaient traîné en longueur, la gauche avait épinglé une obstruction, avant une interruption de séance pour calmer les esprits, durant laquelle a eu lieu le malaise de la fonctionnaire.

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