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A Davos, l'UE dénonce la course pour attirer les futures industries vertes

L'Europe a dénoncé mardi à Davos la course pour attirer les futures industries vertes en Chine et aux Etats-Unis, ce qui encourage les investissements face au dérèglement climatique mais alimente parallèlement les craintes de remontée des protectionnismes.

Lors d'un discours en plénière à la réunion organisée en Suisse par le Forum économique mondial, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a dénoncé les "tentatives agressives" et les "pratiques déloyales" visant à attirer à coup de subventions les capacités industrielles de l'Europe, notamment celles liées aux énergies propres, "vers la Chine et ailleurs".

Et de prévenir que l'UE n'hésiterait pas "à ouvrir des enquêtes" si elle jugeait que des subventions étrangères faussaient le marché.

Elle s'en est pris tout particulièrement à Pékin, qui "encourage ouvertement les entreprises grandes consommatrices d'énergie situées en Europe et ailleurs à délocaliser tout ou partie de leur production sur son territoire", et qui parallèlement "subventionne massivement son industrie et restreint l'accès à son marché pour les entreprises de l'UE".

Mais elle a aussi rappelé les "inquiétudes" suscitées en Europe par le grand plan d'investissement pour le climat du président américain Joe Biden (Inflation Reduction Act, IRA), qui prévoit de larges aides pour les entreprises implantées aux Etats-Unis dans le secteur des véhicules électriques ou des énergies renouvelables.

Les Européens tentent actuellement d'obtenir des dérogations du plan américain, afin de diminuer le risque que leurs entreprises ou les productions européennes en pâtissent.

L'Europe coopère avec les États-Unis "pour trouver des solutions" et "éviter toute perturbation dans les échanges et les investissements transatlantiques", a assuré Mme von der Leyen.

Le vice-Premier ministre chinois Liu He, qui s'exprimait immédiatement après elle, a de son côté appelé à "abandonner la mentalité de guerre froide", s'exprimant en faveur de davantage de coopération mondiale à l'heure d'une remontée des tensions entre Washington et Pékin sur les politiques économiques et commerciales, mais aussi au sujet de Taïwan.

Liu He aura aussi l'occasion d'aborder le sujet directement cette semaine avec la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen, qui n'a pas fait le voyage cette année à Davos mais doit le rencontrer en personne mercredi à Zurich.

- Remise en cause de la mondialisation -

L'IRA américain, ajouté aux efforts de relocalisation de beaucoup de pays depuis la pandémie de Covid-19 qui a désorganisé les chaînes d'approvisionnement mondiales, alimente les craintes d'une remise en cause de la mondialisation, concept cher à Davos, au profit du rétablissement de barrières commerciales entre les grands blocs économiques, Etats-Unis, Chine et Europe en tête.

"Les interventions publiques adoptées au nom de la sécurité économique ou nationale" risquent d'entraîner "des conséquences inattendues", ou d'être "utilisées pour gagner un avantage économique aux dépens des autres", avait déjà mis en garde lundi la directrice générale du Fonds monétaire international Kristalina Georgieva dans un blog lundi.

L'émissaire spécial américain pour le climat, John Kerry, a toutefois relativisé l'impact de l'IRA pour le reste du monde, lors d'un débat à Davos.

"La réaction des autres pays ne devrait pas être: +oh mon Dieu, vous ne devriez pas faire ça, cela nous met dans une position injuste+. Faites le aussi. Tout le monde doit faire la même chose pour accélérer encore plus ce processus", a-t-il avancé.

La Commission européenne va d'ailleurs proposer une législation pour viser "une industrie à zéro émission nette" en gaz à effet de serre, et donc neutre en carbone, en dopant les technologies vertes, a indiqué mardi sa présidente.

"Ce nouveau règlement (...) fixera des objectifs clairs pour les technologies propres d'ici à 2030. L'objectif sera de concentrer les investissements sur des projets stratégiques tout au long des chaînes d'approvisionnement" et "de simplifier et accélérer les procédures d'autorisation de nouveaux sites de production" de technologies vertes, a-t-elle déclaré.

Cela pourrait aussi passer par un assouplissement des règles européennes sur les aides d'Etats, a-t-elle ajouté.

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