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Il y a tout juste 80 ans, le 30 avril 1945, Hitler se donne la mort dans son bunker. Dans son vidéocast "C'est arrivé un jour", Luc Gilson revient avec Pierre Muller du "War Heritage Institute" sur cet événement qui mènera à la capitulation allemande quelques jours plus tard.
Le 30 avril 1945 marque une date clé de la Seconde Guerre mondiale : Adolf Hitler, alors retranché dans un bunker construit sous la chancellerie à Berlin, se donne la mort. Ce geste, survenu alors que l'Armée rouge envahit la capitale allemande, conduit quelques jours plus tard à la capitulation de l'Allemagne nazie, scellant le destin du Troisième Reich. Construit initialement en 1936 comme abri antiaérien, ce bunker a été agrandi en 1943-1944 pour devenir le célèbre Führerbunker. "Hitler espérait ne jamais devoir s'en servir", explique Pierre Muller, gestionnaire de collection au War Heritage Institute. Pourtant, en janvier 1945, avec la progression des Alliés, il s'est résolu à s'y installer définitivement.
Une fourmilière avec tous ses soutiens
Loin d'être un refuge solitaire, le bunker était une véritable fourmilière, regroupant lieutenants, secrétaires et autres membres du personnel. Une décision qui reflète un aspect de la personnalité de Hitler : son obstination à ne pas fuir Berlin, malgré les appels pressants de ses proches.
Les derniers jours d'avril 1945 furent dramatiques. Évitant à tout prix de tomber aux mains des Soviétiques, Hitler décide de se suicider, probablement pour éviter que son corps ne soit profané : "Il ne veut pas tomber aux mains des Soviétiques et veut éviter le sort réservé à Benito Mussolini, le dictateur italien, qui a été pendu par la populace, et dont le corps avait été exposé dans une station-service en Italie", rappelle Pierre Muller. À 16 heures, après un dernier repas et des adieux au personnel, il met fin à ses jours avec une capsule de cyanure et une balle dans la tête.
La mort d'Hitler ne met pas immédiatement fin à l'activité dans le bunker. Eva Braun, qui avait épousé Hitler juste avant, meurt également ce jour-là. D'autres dignitaires nazis suivent : le 1er mai 1945, le ministre de la Propagande, Joseph Goebbels, se suicide à son tour avec sa famille. Les corps de ces hauts gradés sont brûlés sur place, suivant des consignes strictes pour éviter leur profanation.
Pourquoi y a-t-il tant de fantasmes au sujet de la dépouille d'Hitler?
La dépouille d'Hitler va devenir un jeu de propagande psychologique lors de la Guerre froide. Les Russes sont les premiers à entrer dans le bunker. Ils vont retrouver le corps d'Hitler, mais vont laisser planer le doute quant à la survie ou non d'Hitler. "Staline anticipe les débuts de la Guerre froide et son idée est assez claire : laisser planer le doute quant à une fuite d'Hitler, patronnée par les anglo-Américains, ce qui va lancer le doute dans les populations", explique Pierre Muller. Mais en 2017, une analyse menée sur une mâchoire retrouvée permet d'identifier formellement le Führer. "Dans tous les cas, la mort d'Hitler est attestée. Il n'y a plus de doute aujourd'hui", confirme Pierre Muller.
Les conséquences de la disparition d'Hitler sont immédiates : la résistance allemande s'effondre progressivement. Si certains, comme Martin Bormann, tentent en vain de s'échapper, d'autres sont capturés par les Alliés. C'est aussi cette disparition qui ouvre la voie à la capitulation totale de l'Allemagne le 8 mai 1945.
Cet événement illustre un tournant décisif de l'histoire mondiale, mettant fin à l'une des périodes les plus sombres du XXe siècle. Il révèle également combien l'idéologie nazie avait infiltré toutes les strates de la société allemande, conduisant à une résistance désespérée jusqu'aux derniers instants.


















