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Sur le front nord-est, les Ukrainiens veulent grignoter du terrain petit à petit

Les températures hivernales sont là et les duels d'artillerie sont violents, mais l'esprit de combat n'a pas quitté "Viking", un soldat ukrainien sur le front nord-est. Pour lui, la motivation est simple: se venger des Russes.

"La chose la plus difficile pour moi, c'est la mort de mes amis. J'avais déjà de la motivation avant... mais la colère, l'agressivité et la haine l'ont renforcé", raconte "Viking", le nom de guerre de ce tankiste de 26 ans.

Malgré les lourdes pertes subies par l'armée ukrainienne au cours des neuf mois de combats depuis le début de l'invasion russe en février, "Viking" et les autres membres de son peloton restent confiants dans leur capacité à gagner la guerre.

"Nous prévoyons de pousser les Russes jusqu'aux frontières et même plus loin", plaisante-t-il.

Son unité a pris part à la percée de septembre qui a brisé les lignes de défense russes sur le front nord-est, repoussant les forces de Moscou vers l'est au-delà de la rivière Oskil.

Cette contre-offensive a ralenti depuis que les Russes ont reformé leurs défenses, mais les Ukrainiens assurent qu'ils continuent de progresser, malgré le froid hivernal qui met à rude épreuve les lignes d'approvisionnement et l'état des routes.

"On a repoussé les Russes, on a pris pied et on avance petit à petit", explique "Patriot", un soldat de 23 ans, membre d'un peloton qui campe dans une prairie bucolique entourée de pins près du front.

- "Beaucoup de bombardements" -

"Il y a beaucoup de bombardements. Le mois dernier, j'ai entendu parler de 100 à 200 attaques", raconte-t-il à l'AFP, lors d'une visite de leur position organisée par l'armée ukrainienne.

A proximité, un mécanicien militaire de 44 ans, qui a demandé à ne pas être identifié, travaille sur le moteur d'un char russe capturé en septembre et qu'il utilise maintenant contre ses anciens propriétaires.

"L'état de l'équipement russe est très mauvais. Tout était sale et couvert de diesel", affirme-il, en ajoutant: "Il est presque prêt".

Après neuf mois sur le terrain, le matériel de l'unité, qui date de l'époque soviétique, reflète la dynamique de cette guerre : un char a été fourni par l'armée ukrainienne, un autre a été pris aux Russes et un troisième a été donné par la Pologne.

Les munitions sont constituées en partie par des stocks russes capturés sur le champ de bataille. "C'est la loi russe de prêt-bail", plaisante un autre membre de l'équipe qui se fait appeler "Agronome", en référence à un accord américain visant à fournir des armes à l'Ukraine.

Dans cette zone du nord-est du pays, les Ukrainiens espère s'emparer d'une autoroute clé qui dessert les villes de Severodonetsk et de Lysychansk plus à l'Est, occupées par les Russes.

Ces deux villes ont été capturées à l'issue d'une campagne estivale brutale dans la région industrielle du Donbass, dans laquelle les deux camps ont perdu un grand nombre de soldats.

- "L'adrénaline tient chaud" -

Les forces russes ont depuis enchaîné les revers, perdant une grande partie de la région de Kharkiv et se retirant récemment de la ville de Kherson, dans le Sud, qu'ils occupaient depuis le début de la guerre.

"Sur cette partie de la ligne de front, nous sommes chargés de tenir notre position et parfois de lancer des contre-offensives", explique Roman, membre du principal bataillon de chars opérant dans la région.

"La situation est totalement sous contrôle et nous sommes prêts à relever de nouveaux défis, même inattendus", assure-t-il.

Selon des experts militaires, le rythme des combats pourrait bientôt s'accélérer, le gel solidifiant les routes actuellement couvertes de boue.

"Les températures devraient baisser dans toute l'Ukraine au cours de la semaine prochaine, ce qui devrait geler le sol et accélérer le rythme des combats à mesure que la mobilité augmente dans les deux camps", explique le groupe de réflexion américain Institute for the Study of War dans une récente évaluation.

Pour les combattants sur le terrain, la baisse des températures importe moins que les barrages d'artillerie russes.

"Lorsqu'on sait qu'on peut être touché à tout moment, l'adrénaline tient chaud. On ne sent pas le froid", explique "Patriot".

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