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D’après un sondage publié par Le Figaro ce matin, 73 % des Français sont contre la suppression de deux jours fériés. Personne n’est dupe : la ficelle est un peu grosse, et il est évident que cette mesure spectaculaire est l’arbre qui cache la forêt.
Il y a d’abord eu une levée de boucliers sur les dates choisies : le lundi de Pâques et le 8 mai. On a entendu beaucoup de critiques, notamment celles qui accusaient François Bayrou, catholique pratiquant, de s’attaquer à une fête religieuse. Sauf que le lundi de Pâques n’est pas une fête religieuse : Pâques est célébrée le dimanche, et le lundi n’est qu’un jour de récupération accordé autrefois pour se reposer de la fête. Tout comme, d’ailleurs, le lundi de Pentecôte, qui n’est déjà plus tout à fait férié en France. Cela dépend des entreprises.
Quant au 8 mai, bien des patriotes de la 25ᵉ heure ont oublié que la date de la reddition allemande en 1945 n’est fériée en France que depuis 1981, par la volonté de François Mitterrand. Avant cela, ce fut longtemps un jour fêté mais pas chômé, notamment parce que le général de Gaulle rechignait à célébrer une victoire anglo-américaine. Il privilégiait plutôt les commémorations du 18 juin et de son célèbre appel à la Résistance.
Au-delà des symboles, il y a aussi un débat économique. D’après François Bayrou, supprimer deux jours fériés rapporterait à l’État 4,2 milliards d’euros de revenus supplémentaires. « Pas du tout ! » répondent les professionnels du tourisme, qui estiment au contraire que leur secteur perdrait 100 millions d’euros de revenus par jour, et que ce serait « autant de recettes fiscales et de charges sociales en moins pour l’État ».
Le lundi de Pâques est en effet synonyme de long week-end. Quant au 8 mai, cela dépend du jour où il tombe, mais que ce soit le lundi, le mardi ou le jeudi, c’est l’occasion de faire le pont. Dans bien des régions, les jours fériés de mai marquent le début de la saison d’été, pour les hôtels, les restaurants, mais aussi les musées et les parcs d’attraction.
Autre inconvénient : les touristes pourraient se concentrer massivement sur les jours fériés qui subsistent, comme l’Ascension, avec à la clé des embouteillages sur les routes, des trains et des avions complets, et la sur-fréquentation des sites touristiques. Catherine Quérard, présidente du Groupement des hôtelleries et restaurations de France, propose plutôt la suppression du 11 novembre. Quand, dit-elle, « la saison est terminée et que les stations de ski n’ont pas encore ouvert ». Côté météo, ça se tient. Mais dans un pays où chaque commune compte un monument aux morts de la guerre de 14, ce n’est pas gagné…


















