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Le retour aux urnes est peut-être une solution, mais est-ce la solution ? Les sondages révèlent qu’en cas de législatives les Français enverraient au palais Bourbon une Assemblée toujours aussi divisée. Elle serait donc qualifiée une fois de plus d’Assemblée ingouvernable, selon les critères traditionnels de la Vème République.
C’est là que réside le problème, la classe politique française est restée bloquée sur le logiciel de 1958. Un camp doit avoir la majorité absolue au parlement, pour appliquer son programme sans faire de compromis. C’est vrai pour la droite comme pour la gauche, ainsi l’an dernier Jean-Luc Mélenchon le chef des insoumis avait déclaré que si son parti parvenait au pouvoir il appliquerait son programme, tout son programme et rien que son programme.
Avec un tel « programme » il n’y aurait de gouvernement, ni en Allemagne, ni en Belgique, ni en Italie, ni en Espagne etc. En fait dans la France d’aujourd’hui, qui n’est plus celle du général de Gaulle, la solution passe par un gouvernement de coalition et donc de compromis comme dans la plupart des pays d’Europe.
Il y a eu un frémissement hier soir quand Emmanuel Macron a confié au Premier ministre démissionnaire une mission chargée de mener je cite : « d’ultimes négociations afin de définir une plateforme d’action et de stabilité pour le pays ». Cette mission s’apparente à celle d‘un informateur ou d’un formateur en Belgique. Mais les Français n’y sont pas habitués.
Ainsi la plupart des commentateurs en ont déduit que le Président allait renommer Lecornu. Or c’est faux, lui-même l’a dit, il n’a pas l’intention de rempiler à Matignon. Il va, demain soir, comme on le ferait en Belgique, remettre un rapport au chef de l’État en lui disant si telle coalition est possible ou pas. Et éventuellement lui proposer un nom de Premier ministre.
Cette démarche est tellement peu inscrite dans les habitudes françaises qu’elle a été critiquée immédiatement, qualifiée : « d’étrange prolongation, de mascarade, d’échafaudage baroque, de farce, ou de grand n’importe quoi. »
Seuls Olivier Faure le Premier secrétaire du PS qui lorgne sur Matignon a intégré la notion de compromis, et Gabriel Attal le chef de Renaissance le parti macroniste, le concept de formateur qu’il appelle préfigurateur. Mais 48h c’est bien court pour instiller une nouvelle culture parlementaire à une classe politique obnubilée par la présidentielle… Et si même le « formateur » Lecornu, arrivait par miracle à associer macronistes et socialistes dans une coalition… Elle n’aurait pas de majorité !


















