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La fin de Pornhub en France ? « Tant mieux »

Par RTL info avec Christophe Giltay
La plateforme pornographique annonce l’arrêt imminent de ses services en France, refusant de se plier aux obligations d’identification imposées par la loi pour limiter l’accès des mineurs aux contenus pour adultes.

Pornhub et d’autres sites du groupe Aylo s’apprêtent à cesser la diffusion de leurs contenus en France dans les prochaines 24 heures. En cause : une réglementation entrée en vigueur le 11 janvier, qui impose aux plateformes pornographiques de vérifier de manière stricte l’âge de leurs visiteurs. Finie la simple déclaration sur l’honneur : les internautes doivent désormais prouver qu’ils sont majeurs, via un scan de pièce d’identité ou une reconnaissance faciale par intelligence artificielle.

Avec environ 7 millions de visiteurs quotidiens en France, Pornhub perd ainsi l’un de ses plus importants marchés. Le pays représente en effet la deuxième audience mondiale du site, derrière les États-Unis.

Une réponse à une préoccupation de santé publique

Cette législation française vise à lutter contre l’exposition précoce des mineurs aux contenus pornographiques. D’après une étude de l’Arcom, ex-CSA, plus de la moitié des garçons de 12 à 17 ans consultent ces sites chaque mois, et ils sont près de deux tiers entre 16 et 17 ans. De manière générale, la fréquentation reste largement masculine : 53 % des hommes contre 20 % des femmes, tous âges confondus.

Les autorités françaises, soutenues par des associations de protection de l’enfance, considèrent cette mesure comme essentielle. La ministre de l’Égalité, Aurore Bergé, a salué la décision d’Aylo de se retirer du territoire en déclarant sur le réseau X : « Si les plateformes refusent de se conformer à notre cadre légal et décident de partir. Tant mieux. Il y aura moins de contenus violents, dégradants, humiliants accessibles aux mineurs en France. Au revoir ».

Un affrontement juridique en perspective

Le groupe Aylo, dont le siège est situé à Chypre, conteste la légitimité de la loi française. Il invoque la libre circulation des services au sein de l’Union européenne et estime que la réglementation met en danger les utilisateurs en les forçant à partager des données personnelles sensibles. Selon l’entreprise, la collecte obligatoire de ces informations représenterait un risque majeur pour la vie privée.

Ce n’est pas la première fois qu’Aylo adopte une telle posture. En 2024, la société avait déjà bloqué l’accès à ses sites en Floride après une loi similaire promulguée par le gouverneur Ron DeSantis. Cette mesure avait entraîné un bond des ventes de VPN, ces outils permettant de contourner les restrictions géographiques sur internet.

Un bras de fer à l’issue incertaine

Le blocage en France pourrait toutefois être de courte durée. Le poids du marché français, deuxième en volume pour Pornhub, place le groupe face à un dilemme économique. Maintenir son retrait reviendrait à renoncer à une part importante de ses revenus publicitaires. Mais se conformer à la loi supposerait une remise en cause de son modèle d’accès anonyme et instantané.

En attendant une éventuelle résolution, les internautes français devront composer avec un accès restreint, tandis que certains pourraient se tourner vers des outils de contournement numérique. Un nouvel épisode dans un débat de société de plus en plus présent à l’ère du numérique : celui de la régulation de l’accès aux contenus pour adultes face aux risques pour les plus jeunes.

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