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Plus de porno à partir de mercredi : les plateformes les plus célèbres s’élèvent contre le gouvernement français, qu’en est-il en Belgique?

Par Par RTL info
Le bras de fer entre le gouvernement français et le groupe canadien Aylo, propriétaire de plusieurs géants du porno en ligne, prend un nouveau tournant.

En deux mots :

Le géant du porno en ligne Aylo suspend dès mercredi l’accès à ses sites en France pour protester contre la vérification d’âge imposée par la loi française
  • Le géant du porno en ligne Aylo suspend dès mercredi l’accès à ses sites en France pour protester contre la vérification d’âge imposée par la loi française
  • Pornhub, YouPorn et RedTube afficheront uniquement des pages expliquant leur opposition à une mesure jugée inefficace et menaçante pour la vie privée
  • Le gouvernement français se félicite de cette décision, dans un contexte de pressions croissantes de l’UE sur les plateformes pour mieux protéger les mineurs

Dès ce mercredi, les sites YouPorn, Pornhub et RedTube ne diffuseront plus aucun contenu pornographique. À la place, les internautes verront des pages d’information expliquant les raisons de leur action radicale : une protestation ouverte contre la législation française qui impose (théoriquement) une vérification d’âge via un système de double anonymat.

« Tous nos sites pour adultes seront des sites d’informations pour expliquer notre combat contre une législation symbolique, inutile et dangereuse », déclare Solomon Friedman, représentant du fonds Ethical Capital Partners, propriétaire d’Aylo.

«Nous avons pris la décision difficile de suspendre l’accès à nos sites en France dès demain après-midi et d’utiliser nos plateformes pour nous adresser directement au public français», a également déclaré Alex Kekesi, vice-présidente de la communauté et de la marque chez Aylo, lors d’une conférence de presse en ligne.

De son côté, Aurore Bergé, ministre française chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les Discriminations, se réjouit de ces annonces. Les plateformes «décident de partir. Tant mieux!»

Que se passe-t-il ?

Aylo, anciennement MindGeek, est le géant canadien qui contrôle plusieurs des principales plateformes pornographiques accessibles en France, dont Pornhub, RedTube, YouPorn, Brazzers, et d’autres. Cette position dominante fait d’Aylo un acteur central de l’industrie du porno en ligne, tant en France qu’à l’international. La France, à l’instar d’autres pays, a renforcé ses exigences légales concernant la protection des mineurs face à la pornographie en ligne. Depuis 2020, la loi impose une vérification effective de l’âge des visiteurs sur les sites pornographiques, et l’Arcom (l’autorité de régulation) travaille à la mise en place d’un cahier des charges pour que cette mesure soit réellement appliquée

Aylo s’oppose à la méthode française qui exigerait une vérification de l’identité via une carte d’identité pour accéder à ses plateformes. Selon le groupe, cette méthode n’est ni la plus efficace pour protéger les mineurs, ni la plus respectueuse de la vie privée des utilisateurs. Aylo préconise plutôt une solution technique intégrée aux smartphones, pilotée par les fabricants, pour vérifier l’âge sans exposer les données personnelles.

L’obligation de vérification de la majorité de leurs utilisateurs s’applique depuis mars à tous les sites pornographiques en France, et ceux établis dans et hors de l’Union européenne. Ils doivent exiger l’envoi d’une photo ou d’un document d’identité par exemple, en proposant au moins une méthode respectant le principe de double anonymat qui permet de prouver sa majorité sans divulguer son identité, sous peine de sanctions pouvant aller jusqu’au blocage.

Aylo défend de son côté une vérification de l’âge au niveau des appareils et de leur système d’exploitation.

«Google, Apple et Microsoft, ont tous la capacité de vérifier l’âge de l’utilisateur au niveau du système d’exploitation ou de l’appareil, et de fournir une information sur l’âge à tout site ou application», a avancé Solomon Friedman du fonds d’investissement Ethical Capital Partners, propriétaire d’Aylo.

«Les mesures mises en place par le gouvernement français sont déraisonnables, disproportionnées et inefficaces», a-t-il ajouté.

«Demander aux sites de vérifier l’âge, ce n’est pas stigmatiser les adultes mais juste protéger nos enfants», a réagi auprès de l’AFP la ministre déléguée chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique, Clara Chappaz. «Si Aylo préfère sortir de la France que d’appliquer notre loi, libre à eux», a-t-elle poursuivi. 

L’UE enquête

La semaine dernière, l’Union européenne a lancé une enquête contre Pornhub, Stripchat, XNXX et XVideos, les soupçonnant de ne pas suffisamment protéger les mineurs. La Commission européenne pointait un manque d’outils de vérification d’âge « appropriés » et le non-respect des règles du DSA, risquant de lourdes sanctions financières pour ces géants du contenu pour adultes.

En France, selon une étude du régulateur national de l’audiovisuel Arcom, menée sur le premier semestre 2024, près de 40 % des enfants accèdent à des sites pornographiques chaque mois.

Le DSA (règlement européen sur les services numériques), dont les attributions sont vastes, fait partie du puissant arsenal juridique dont dispose l’Union européenne pour réglementer les grandes entreprises technologiques.

Depuis 2023, Bruxelles a lancé une vague d’enquêtes dans ce cadre, notamment sur les sites Facebook et Instagram de Meta, ainsi que sur les réseaux sociaux X et TikTok.

Et en Belgique?

Contactée par nos soins, la plateforme Pornhub indique que cette suspension des contenus ne concerne «pour l’instant» que la France.

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