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La politique, c’est souvent une question d’arithmétique. Et l’élève Lecornu est face à un problème : comment gouverner avec 210 députés alors que l’Assemblée nationale en compte 577 ? La majorité absolue s’établit à 289 sièges. Il lui manque donc 79 élus. Cela paraît insoluble. Mais il a un atout : la Constitution de la Ve République. Elle n’oblige pas le Premier ministre à engager la responsabilité de son gouvernement après son discours de politique générale. En fait, il n’a pas besoin d’une majorité « pour ». Son défi, c’est d’éviter une majorité « contre », lors d’une motion de censure.
En Belgique, il aurait dû constituer une coalition majoritaire. La seule possible en France réunirait les macronistes, les républicains et les socialistes. Mais les exigences du PS – notamment l’instauration d’une taxe sur les hauts revenus – sont inacceptables pour les centristes et la droite. Il ne fera donc pas entrer de socialistes au gouvernement.
Il espère simplement obtenir leur neutralité. Mais, si l’on en croit le chef du PS, Olivier Faure, c’est peine perdue. Sans taxe sur les riches, Lecornu sera censuré.
Option 2
L’autre option serait de convaincre le Rassemblement national de rester l’arme au pied jusqu’à l’élection présidentielle de 2027. Les derniers sondages donnent, dans tous les cas, Marine Le Pen ou Jordan Bardella en tête du premier tour avec 34 à 36 % des voix. À titre de comparaison, l’ancien Premier ministre macroniste Édouard Philippe n’en obtiendrait que 19 %.
Et là encore, il faudra donner des gages à cette opposition, à la droite de la droite, en supprimant par exemple l’aide médicale d’État aux réfugiés ou en durcissant les lois sur l’immigration.
Le casting ?
Quant au casting, certains poids lourds du gouvernement pourraient rester en place : Rachida Dati à la Culture, Élisabeth Borne à l’Éducation ou Gérald Darmanin à la Justice.
En revanche, les ministres de l’Économie et des Comptes publics, associés au budget Bayrou, prendraient la porte. Tout comme Manuel Valls, ministre des Outre-mer, considéré comme trop proche des indépendantistes en Nouvelle-Calédonie. Ce serait dommage : lui, au moins, connaît le dossier. Ce qui n’est pas le cas de Lecornu qui, lorsqu’il était en poste, n’a rien compris au territoire et a indirectement provoqué les émeutes de 2024, qui ont fait quatorze morts.
Lors de ses entretiens avec les partis, le Premier ministre a déclaré à plusieurs reprises que la France devait réapprendre le parlementarisme. Ce sera difficile. Et en cas d’échec ? L’élève Lecornu ne pourra pas redoubler.


















