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Le père du meurtrier de Dominique Bernard, professeur de français poignardé à mort le 13 octobre à Arras, a dit "condamner" le geste de son fils Mohammed dans un entretien accordé vendredi à l'AFP depuis l'Arménie, où il séjourne depuis "une semaine".
Par téléphone, Yaqoub Mogouchkov a expliqué en français vouloir faire entendre sa voix et présenter ses "condoléances" à la famille de l'enseignant, tué lors d'une attaque au couteau menée par son fils. "J'ai été très choqué et je condamne cet acte", a-t-il affirmé. "Tuer, c'est contre les règles de l'islam", a-t-il insisté, lui qui se décrit comme "très pratiquant" mais "pas radicalisé".
Fiché S pour radicalisation islamiste, tout comme son fils, M. Mogouchkov avait été expulsé de France en 2018 vers la Russie où il est resté un an. Originaire d'Ingouchie, il a ensuite rejoint la Turquie deux ans durant, puis la Géorgie pendant deux ans avant de venir en Arménie. Il en veut à la France qui, à ses yeux, "pratique une politique de provocation avec les caricatures du prophète Mahomet" et plus récemment avec "l'interdiction de l'abaya" dans les collèges et du hijab. "La France déteste l'islam (...), elle n'essaie pas de régler les problèmes", a-t-il ajouté.
Il fait le constat amer de sa famille "séparée" avec ses "trois fils en prison" en France et sa plus jeune fille placée par les services sociaux. L'aîné des garçons a été condamné à cinq ans d'emprisonnement, en 2023, pour ne pas avoir dénoncé un projet d'attentat à Paris aux abords de la présidence de la République, dont il avait connaissance. Il a ensuite été condamné pour apologie du terrorisme.
Mohammed, était fiché pour radicalisation islamiste depuis février 2021 suite à un signalement de l'Education nationale. Le cadet, âgé de 16 ans, est également en détention pour complicité dans l'attentat d'Arras. Quant à sa fille de 18 ans, le père de famille n'en parle pas. Pour lui, ses enfants, qui n'avaient "pas de titre de séjour" en France, avaient été "ostracisés" lors de leurs études. C'est pourquoi, il avait décidé de scolariser sa fille dans une école privée musulmane. Il émet l'hypothèse que son fils Mohammed ait "voulu trouver la mort" le jour de l'attentat à Arras.
"Je veux dire toute la vérité", poursuit M. Mogouchkov, se disant "prêt" à répondre aux questions des enquêteurs français. Il a évoqué son impossibilité à se rendre en Russie, qui a délivré une fiche Interpol contre lui et où il dit risquer sa vie.



















