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Emmanuel Macron se trouve dans une situation contradictoire : il souhaite nommer rapidement un successeur à François Bayrou, pour tourner la page et ne pas rester en première ligne. Le problème, c’est que le nouveau chef de gouvernement serait à coup sûr renversé en octobre sur le vote du budget, s’il n’avait pas au préalable réuni une coalition solide, ou obtenu au minimum un accord de non-censure avec l’opposition.
Pour ce faire, il faut de longues négociations. D’abord, on discute, ensuite, on nomme. C’est ce qui se fait en Belgique et dans la plupart des démocraties parlementaires. Or, en France, depuis l‘instauration de la Vème République en 1958, on nomme d‘abord, on négocie ensuite. Bref, on met la charrue avant les bœufs.
Quand il y a une majorité absolue, ça fonctionne, mais avec l’assemblée morcelée élue par les Français l’an dernier, ça ne marche plus. Barnier et Bayrou en ont fait les frais. C’est pourquoi, s’inspirant des exemples belges et allemands, commence à émerger l’idée qu’on pourrait inverser les choses.
Un scénario à la belge ?
Gabriel Attal, le chef du parti présidentiel, a proposé hier la nomination d’un coordinateur, neutre, qui négocierait un accord gouvernemental. L’idée serait de recréer un bloc central qui irait des Républicains aux Socialistes, puis de désigner un Premier ministre qui serait accepté par cet attelage hétéroclite. Ce n’est pas encore un formateur à la belge, mais on s‘en rapproche.
Mais pour cela, il faut du temps. Or, le temps manque. Emmanuel Macron fait face à plusieurs urgences : demain, l’opération « Bloquons tout ». Le 12 septembre, l’agence Fitch pourrait dégrader la note de la France. Le 18 septembre, les syndicats appellent à une journée de grève. Le projet de budget doit être déposé pour le 13 octobre. Sans oublier que le 22 septembre, le Président s’envolera pour New York et l’Assemblée générale de l’ONU, où il reconnaîtra l’État de Palestine.
La tentation est forte de nommer tout de suite quelqu’un pour tenir la « boutique France » pendant qu’il s’occupera des affaires du monde. La rumeur court qu’il pourrait s’adresser aux Français dès aujourd’hui. Va-t-il tirer tout de suite un Premier Ministre de son chapeau ? Ou faire une annonce spectaculaire, comme l’organisation d d‘un référendum ? C’est un vieux stratagème, prévu par la constitution qui permet au Président de s’adresser directement au peuple pour reprendre la main. Le risque c’est que quelle que soit la question posée, les Français ne répondent, ni oui ni non, mais tout simplement… Va-t’en !


















