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Une participation pas exceptionnelle
D’abord les chiffres. Selon le communiqué du ministère de l’intérieur, 850 actions ont été menées, réunissant 197.000 personnes. Même si l’on tient compte de l’habituel décalage entre les chiffres du ministère et ceux de l’organisateur, cette mobilisation n’a rien d’exceptionnel en France, un pays de 66 millions d’habitants.
Ainsi, les défilés du 1re mai ont rassemblé 157 000 manifestants et les débordements de la nuit du nouvel an ont débouché sur près de 400 interpellations. C’est comparable avec la journée d’hier.
Il y a eu certes un effet grossissant dû à la multiplication des images tournées par les smartphones, mais pour vous donner une idée, 27 lycées étaient complètement bloqués en France… sur 3700 !
Par ailleurs dans une ville comme Bordeaux, 280 000 habitants, il n’y a eu que 12 interpellations. Les événements se sont principalement déroulés en région parisienne.
Aucune réelle paralysie
Le gouvernement avait largement anticipé les faits avec le déploiement de 80 000 policiers et gendarmes. Ainsi les forces de l’ordre sont rapidement intervenues sur les ronds-points et les autoroutes, où les tentatives de paralysie, lancées dès quatre heures du matin, avaient pris fin à la mi-journée.
Comment expliquer ce succès mitigé ?
D’abord le mouvement était soutenu du bout des doigts par les syndicats, qui ont appelé à leur propre journée d’action le 18 septembre.
Ensuite la mobilisation a changé progressivement de nature. L’appel à tout bloquer a été lancé le 21 mai 2025 sur une boucle Telegram par un collectif du département du Nord nommé Les Essentiels. à l’origine ça ressemblait à une action de désobéissance civile. Les organisateurs demandaient aux citoyens de ne pas envoyer leurs enfants à l’école ou de ne pas utiliser leurs cartes de crédit pour priver les banques de leurs commissions. Une mobilisation populaire et provinciale, comparable à celle des gilets jaunes, dénonçant les injustices du système, le pouvoir des élites, le délitement des services publics, la baisse du pouvoir d’achat, les charges des petits commerçants…
Mais au cours des mois, la gauche radicale de Jean-Luc Mélenchon a pris le leadership et hier, au cœur des manifestations, il y avait peu d’ouvriers et de retraités, mais surtout des jeunes urbains éduqués, reprenant des slogans anticapitalistes, mâtinés de soutiens à la bande de Gaza. Le tout renforcé de black blocks venus défier la police.
Ainsi, d’abord hésitant, le Rassemblent national avait décidé de s’opposer aux bloqueurs, Marine Le Pen déclarant hier que le changement ne se ferait pas dans la rue mais dans les urnes.
Sébastien Lecornu, le nouveau premier ministre doit-il se réjouir de ce semi-échec ? Pas sûr. La France est malade et ce n’est pas parce qu’un thermomètre est petit qu’il ne marque pas la fièvre.


















