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"Si tu parles, ça va très mal se passer pour toi": comment les agressions sexuelles de l'Abbé Pierre ont été cachées pendant plus de 70 ans?

Luc Gilson a reçu, sur le plateau de RTL info 19h, deux journalistes, Laetitia Cherel et Marie-France Etchegoin, qui livrent dans leur livre-enquête "Abbé Pierre, La Fabrique d’un saint" une révélation choc : l'Eglise, et même le Vatican, était au courant des agressions sexuelles dont il était coupable dès l'automne 1955. Comment est-ce possible ? 

Cet homme, de son vrai nom Henri Grouet, a longtemps été perçu comme un saint par le grand public, depuis février 1954, lorsqu’il s’est mobilisé pour les sans-abri. La population l’a très vite suivi, l'argent aussi. Il a d'ailleurs souvent été élu personnalité préférée des Français. Ce n’est qu’en 2024, soit 17 ans après sa mort, que le scandale des agressions sexuelles éclate. 

Depuis, de nombreuses révélations ont été faites, permettant d'en apprendre sur la personnalité de l'Abbé Pierre, notamment grâce au livre-enquête "La Fabrique d'un saint", qui a révélé que l'Église était au courant de ces faits depuis plus de 50 ans. 

Une personnalité intouchable

Les premières mentions remontent à 1955. À l'époque, le Vatican a envoyé une lettre à son évêque en France, suite à des plaintes venant des États-Unis et du Canada où l'Abbé Pierre avait séjourné quelques mois plus tôt, pour lui demander d'ouvrir une procédure judiciaire à son propos, explique Laetitia Cherel. Une demande qui n'a pas été suivie par l'évêque : "l'abbé Pierre était une telle icône en France qu'il était intouchable. Il était protégé, quelque part, d'une certaine façon". Au fil des années, "il devient un mythe, il devient un personnage qui fait du bien à tout le monde, qui renvoie à chacun, comme en miroir, ce qu'il a de meilleur. Et en fait, il devient surtout inenquêtable", poursuit-elle.

Des menaces pour continuer à sévir

Durant leur enquête, les deux journalistes ont découvert le vrai visage d'Henri Grouet, très différent de ce qu'il affichait au public. "Il avait conscience de son comportement, il n'hésitait pas à menacer ses victimes en disant 'Si tu parles, ça va très mal se passer pour toi'", explique Marie-France Etchegoin sur le plateau de RTL info. "On a découvert des lettres aussi, dans lesquelles il menaçait des gens qui étaient au courant de ses agissements", poursuit sa co-auteure, qui rapporte le portrait d'un prédateur et manipulateur qui n'hésitait pas à faire des intimidations. 

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