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Signé Giltay: François Bayrou joue son avenir de Premier ministre, peut-il être renversé comme son prédécesseur?

En France, un mois après sa nomination, François Bayrou jouera demain soir son avenir de Premier ministre. Il va prononcer à l'Assemblée Nationale son discours de politique général. Risque-t-il d'être renversé par un Parlement hostile, comme ce fut le cas pour son prédécesseur Michel Barnier ?

La particularité de la Constitution française par rapport à la Belgique, par exemple, c'est que le Premier ministre n'a pas besoin d'être investi par le Parlement. Sa nomination relève seulement de la décision du président de la République... mais ça n'a pas toujours été le cas.

Jusqu'en 1958, le chef du gouvernement devait obtenir une majorité à l'Assemblée Nationale. Il soumettait donc sa feuille de route à un vote, il peut d'ailleurs toujours le faire. En général, quand le gouvernement dispose d'une majorité sûre, cette investiture symbolique n'est qu'une formalité. Cela relève de la courtoisie entre le Premier ministre et les partis qui le soutiennent. Seulement François Bayrou, pas plus que Michel Barnier, n'a de majorité absolue.

Demain, il ne va donc pas soumettre son discours au vote. Le problème, c'est que si les députés n'ont pas le pouvoir de nommer le Premier ministre, ils ont la possibilité de le faire chuter en déposant ce qu'on appelle une motion de censure. Dans bien des pays, l'opposition ne peut renverser le gouvernement que si elle propose une majorité alternative. Une alliance en remplace une autre. Ce n'est pas le cas en France, où Michel Barnier a été renversé par un vote conjoint de la gauche et du Rassemblement national.

Un mariage de la carpe et du lapin qui n'avait pas pour objectif de proposer un nouveau gouvernement, mais juste de se débarrasser de celui qui était en place. Pour François Bayrou, ce risque existe toujours. C'est pourquoi il manœuvre depuis des semaines pour séparer les socialistes du reste de la gauche. Pour l'instant, le PS n'a rien promis et continue à exiger comme condition à sa neutralité la suspension de la réforme des retraites : une suspension, pas suppression. Ce qui laisse la porte ouverte à une négociation pour un nouveau projet de loi.

Le problème, c'est que le parti républicain, l'aile droite de la coalition Bayrou, a radicalement opposé à toute relecture. "Pas question de toucher à la réforme des retraites", a déclaré hier le président du Sénat, où le parti républicain est majoritaire. Le Premier ministre prendra-t-il le risque de perdre à droite ce qu'il gagnerait à gauche ? D'après son entourage, il a longuement et sérieusement rédigé son discours de politique générale, qui pourrait réserver bien des surprises.

Il l'a dit lui-même : il se prépare à exercer le pouvoir depuis la présidentielle de 2007. Il a mûri son ambition pendant des années. Demain, il va jouer son va-tout et pour éviter un nouveau mariage de la carpe et du lapin, il devra ménager la chèvre et le chou.

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