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« Au réveil, la police était devant l’hôtel » : comment ces deux Belges, qui comptent rejoindre la marche vers Gaza, ont réussi à se tirer d’affaire ?

Par RTL info avec AFP
Des militants pro-palestiniens de la « Global March to Gaza » arrêtés en Égypte, certains expulsés, d’autres relâchés. Malgré les pressions israéliennes, la marche vers Rafah se poursuit avec des milliers de participants venus de 50 pays. Plusieurs Belges y participent, dont Binta et Alexis qui ont réussi à se tirer d’affaire.

EN DEUX MOTS : - Deux initiatives pro-palestiniennes vers Gaza ont été stoppées vendredi, l’une en Libye, l’autre à la sortie du Caire, faute d’autorisations officielles.

- La Global March, avec 4000 militants venus de 50 pays, dénonce des arrestations, expulsions et confiscations de passeports par les autorités égyptiennes.

- La caravane « Soumoud », partie de Tunisie, reste bloquée à Syrte, les autorités égyptiennes n’ayant toujours pas donné leur feu vert

Des dizaines de militants de diverses nationalités venus en Égypte pour participer à une marche internationale vers Gaza ont été interpellés par les autorités égyptiennes, certains ont ensuite été expulsés et d’autres relâchés, ont fait savoir mercredi des représentants du collectif « Global march to Gaza ».

Des Belges dans l’expédition

Peter est l’un des participants belges à cette marche. Il nous explique faire profil bas pour le moment en raison des expulsions qui ont déjà eu lieu.

« L’idée de cette marche, c’est que si nos gouvernements et l’Union européenne ne font rien, c’est aux citoyens de se mobiliser et de faire changer les choses », explique-t-il pour justifier son périple en Égypte. Le Belge appelle à « l’arrêt immédiat du génocide » et à laisser entrer « directement les camions » remplis d’aide humanitaire.

S’il ne craint pas de réaction hostile de la part des soldats israéliens, Peter reste méfiant malgré tout, car, rappelle-t-il, les soldats de Tsahal ont tiré récemment sur des diplomates européens, « ils s’en foutent de toutes les règles, donc on ne sait jamais. »

Aussi, cette action a un coût. Entre les billets d’avion, les hôtels et les courses alimentaires, Peter estime le coût total de son périple à 2.000 euros. « Une des actions les plus chères que j’ai faite ! » Heureusement pour lui, il peut compter sur de nombreux soutiens et, de ce fait, il « ne paie pas la plus grande partie du voyage ».

Parmi les autres Belges qui participent à cette marche, il y a Binta Liebmann Diallo et Alexis Deswaef. Elle est infirmière sociale et cofondatrice du Dispensaire social de Saint-Gilles et lui est avocat et vice-président de la Fédération internationale pour les droits humains. Ils se trouvent actuellement en Égypte, nous avons pu les contacter par visioconférence.

On a prétexté une excursion aux pyramides pour pouvoir quitter en taxi la zone.

Ils expliquent que ce vendredi matin la police est descendue dans leur hôtel. « Au réveil, la place devant l’hôtel était remplie de voitures de police, de fourgons, de transports de troupes. Et puis sont arrivés quelques dizaines d’hommes en civil sur la place. La police, à un moment donné, est montée à la réception de l’hôtel puis est redescendue », détaille Alexis Deswaef.

Ils ont alors réfléchi à une stratégie pour se tirer d’affaire. « Comment faire pour quitter cette zone du centre-ville sous haute surveillance ? », lance-t-il, avant de poursuivre. « On a prétexté une excursion aux pyramides pour pouvoir quitter en taxi la zone. La particularité, c’est que c’est un agent égyptien qui venait questionner tout ce qui ressemblait de près ou de loin à un touriste qui nous a arrêtés un taxi pour nous conduire jusqu’aux pyramides et nous souhaiter un bon séjour en Égypte. »

Si l’anecdote prête à sourire, Alexis insiste : « Les nouvelles sont très alarmantes. Beaucoup de marcheurs se font arrêter », dit-il, inquiet. « Ce qui nous questionne très fort, c’est que les autorités égyptiennes agissent ainsi à la demande des autorités israéliennes pour faire le sale boulot des autorités israéliennes pour empêcher coûte que coûte cette marche citoyenne. Marche citoyenne dont je rappelle l’objectif est de dénoncer l’inaction de nos états qui n’arrivent pas à contrer le veto israélien pour faire entrer l’aide humanitaire à Gaza. »

Binta et Alexis n’ont pas encore rejoint le point de départ de la marche, ils se trouvent encore à plus de 300 km.

50 km de marche dans le désert

La caravane pro-palestinienne partie de Tunis et un groupe de militants participant à une marche internationale au départ du Caire vers Gaza pour symboliquement «briser le blocus israélien», ont été stoppés vendredi, l’une en Libye, l’autre à la sortie du Caire, ont indiqué leurs organisateurs.

Une quarantaine de participants de la Global March ont été stoppés à environ 45 km à l’est du Caire, «retenus en pleine chaleur avec interdiction de bouger» et passeports confisqués, a indiqué le collectif dans un communiqué. Une quinzaine sont retenus dans leurs hôtels au Caire, selon la même source.

Malgré tout, « la marche internationale continue (…) des milliers de participants sont déjà arrivés en Égypte, prêts à partir à Arish demain et continuer à pied vers Rafah », a assuré le collectif dans un communiqué publié jeudi.

« Nous espérons pouvoir travailler avec les autorités égyptiennes (…). Nos priorités sont les mêmes : demander la fin du génocide palestinien », poursuit le communiqué. Israël a pressé mercredi les autorités égyptiennes d’interdire tout « acte de provocation » pro-palestinienne sur leur territoire et toute « tentative d’entrée à Gaza ».

Parallèlement à la « Global march to Gaza » qui tablait sur 4.000 participants d’une cinquantaine de pays, un grand convoi de bus, la caravane « Soumoud », réunissant plus d’un millier de personnes traverse actuellement la Libye sous les vivats de la population locale après être partie de Tunis pour rallier la bande de Gaza.

Plus de 200 militants venus de différents pays pour la Global March – dont des Américains, Australiens, Autrichiens, Hollandais, Espagnols, Français, Marocains, Tunisiens ou Sud-Africains – ont été interpellés ces derniers jours à leur hôtel ou retenus à leur arrivée à l’aéroport du Caire ces derniers jours, selon Seif Abu Kishk, un porte-parole du collectif. Une information rapportée aussi par Peter.

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