Accueil Actu Monde International

Droits de douane : l’Europe capitule devant Trump

Par Christophe Giltay
Alors que Donald Trump a décidé de reporter au 1er août les augmentations des droits de douane, l’Europe hésite. Doit-elle céder aux Américains ou entamer un cycle de représailles ?

L’heure est grave et urgente. Si la date de l’entrée en vigueur des nouveaux droits de douane aux États-Unis a bien été reportée au 1 er août, Donald Trump pourrait dès aujourd’hui commencer à envoyer aux gouvernements européens, des lettres annonçant la hausse des tarifs. Il l’a déjà fait pour le Japon et la Corée du Sud.

Pour l’instant la Commission européenne ne communique pas sur le sujet, mais une réunion cruciale se serait tenue à Washington le 3 juillet et les gouvernements de l’Union auraient été informés ce week-end des termes de l’accord. Bien loin des déclarations matamoresques de ces derrières semaines, l’Europe accepterait sans représailles une hausse de 10 % d’augmentation des droits de douane sur ses produits, soit un doublement du taux actuel.

Elle accepterait également de modifier certaines règles environnementales que les Américains considèrent comme un frein à leurs exportations.

Un accord déséquilibré

En échange elle aurait obtenu un retour à la stabilité des quotas dans des domaines qui lui sont essentiels : l’acier, l’aluminium, l’automobile, les produits pharmaceutiques, l’aviation commerciale, les semi-conducteurs. Cet accord déséquilibré aurait été réclamé par les pays qui exportent le plus vers les États-Unis, l’Allemagne, l’Italie l’Irlande.

En revanche la France rechigne même si son secteur viticole serait particulièrement menacé en cas d’explosion des taxes. Les États-Unis sont par exemple le premier marché du champagne à l’exportation.

Il y a également un bras de fer germano-allemand, entre d’un côté la présidente de la commission Ursula von der Leyen, et de l’autre Manfred Weber le président du groupe PPE, les démocrates-chrétiens, au parlement européen. Il estime que les États-Unis et l’Europe pèsent un poids équivalent en PIB au niveau mondial, 22 % pour l’Europe 25 pour les USA. L’accord devrait être selon lui plus équitable.

Mais voilà, c’est la commission qui a la charge des négociations commerciales au niveau européen, et elle a décidé de ne pas mettre en œuvre des mesures de rétorsion qui frapperaient par exemple Harley Davidson ou Coca-Cola. L’idée serait plutôt de réorienter les exportations européennes, vers d’autres marchés comme l‘Inde ou l’Amérique du Sud, en ratifiant rapidement l’accord de libre-échange du Mercosur qui concerne l’Argentine, la Bolivie, le Brésil, le Paraguay, et l’Uruguay. Mais là encore la France s’inquiète notamment pour ses produits agricoles, céréales et viande bovine. La commission devrait faire savoir rapidement quelle sera l’ampleur de sa capitulation devant Donald Trump. Selon le vieux principe qu’il vaut mieux un mauvais accord qu’une bonne guerre.

Contenus sponsorisés

À la une

Les plus lus