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"Du sang, de le sueur et des larmes", disait Churchill: "On n'en est pas là, mais il faut s'y préparer"

Nous vivons un moment historique avec un surprenant retournement d'alliances entre l'Europe et les États-Unis. À Londres ce dimanche, les pays européens ont tenté d'organiser une réponse face au choc immense du désengagement américain. Mais au-delà des accolades chaleureuses pour réconforter le président ukrainien, il y a beaucoup de questions qui se posent et les solutions passeront forcément par des sacrifices.

Il y a une image qui m'a marqué lors de la visite de Volodymyr Zelensky à Londres. Son départ, non pas comme un importun qu'on chasse de la Maison Blanche par la porte de derrière, mais en hélicoptère de la Royal Air Force pour rencontrer le roi Charles III dans sa résidence de Sandringham.

À en croire les quelques photos publiées, le roi l'a reçu amicalement au coin du feu avec charme et élégance. Bien loin des éructations de Donald Trump et personne ne lui a fait de remarques sur sa tenue. À ce sujet, la presse anglaise a rappelé que Churchill lui-même portait souvent durant la seconde guerre mondiale une tenue d'inspiration militaire, pantalon kaki et chemise de l'armée. C'est ainsi vêtu qu'il avait été reçu par le président Roosevelt. Sans bien sûr que cela fît scandale. Autre temps, autres mœurs.

Cela dit, au-delà des symboles, les Européens vont devoir passer à l'acte. Déjà, le Royaume-Uni a débloqué un prêt de 2,7 milliards d'euros en faveur de l'Ukraine. Ce n'est qu'un début. L'Europe doit passer dans une forme d'économie de guerre. Plusieurs pistes sont déjà à l'étude.

L'émission d'un emprunt de 750 milliards d'euros, comme celui lancé à l'époque du Covid. L'Allemagne, gardienne de l'orthodoxie budgétaire, serait d'accord. Du moins le futur chancelier démocrate chrétien, Friedrich Merz.

Ce dernier a d'ailleurs surpris en proposant de mettre l'Allemagne non plus sous le parapluie américain nucléaire, mais sous celui des Français et des Anglais, les deux nations européennes qui possèdent l'arme atomique. Ce sera compliqué pour des raisons de doctrine nationale, mais Emmanuel Macron n'a pas fermé la porte à l'idée d'utiliser ses têtes nucléaires pour protéger ses alliés au-delà de la France.

L'Europe va tenir cette semaine un sommet à Bruxelles, où elle devra prendre plusieurs décisions importantes, dont l'éventuelle utilisation des fonds russes qu'elle a gelés, et dont, jusqu'à présent, elle ne prélève que les intérêts. Elle pourrait aussi écarter des questions militaires la Hongrie et la Slovaquie, dont les gouvernements sont pro-russes. Elle devra également étudier le plan d'intervention franco-britannique, qui prévoit un déploiement de 30 000 militaires à l'intérieur de l'Ukraine, pour protéger ses infrastructures en cas de cessez-le-feu.

Tout cela en essayant quand même de garder le contact avec Washington, dont nous avons toujours besoin. Pour l'instant, les forces européennes ne pourraient pas à elles seules soutenir une guerre de grande intensité pendant plus de trois mois. Il va donc falloir reconstruire notre industrie militaire, faire des choix et probablement impacter nos dépenses sociales. "Je n'ai à vous offrir que du sang, de la sueur et des larmes", disait Churchill, encore lui. On n'en est pas là, mais il faut s'y préparer.

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