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Le livre s’intitule 107 Days – en référence aux 107 jours qu’aura duré la campagne présidentielle éclair de Kamala Harris – et il s’annonce déjà comme un pavé dans la mare politique démocrate. Dans cet ouvrage à paraître la semaine prochaine, Kamala Harris revient sur son engagement forcé dans la dernière ligne droite de l’élection présidentielle perdue face à Donald Trump, et brosse un portrait critique des semaines d’incertitude ayant suivi le retrait de Joe Biden. The Guardian a pu en obtenir une copie avant publication de ce livre
Un président sortant accroché à sa candidature
Dès les premières pages, Kamala Harris raconte une campagne hors norme, menée dans l’urgence et sous haute pression, alors que Joe Biden venait de s’effondrer lors d’un débat contre Donald Trump. Pourtant, malgré les appels à son retrait, le président sortant n’aurait jamais réellement accepté de passer la main.
Elle évoque notamment un échange téléphonique singulier, survenu quelques heures avant son propre débat face à Trump. Joe Biden l’appelle pour lui souhaiter bonne chance, mais l’entretien prend rapidement une tournure déconcertante. Selon Harris, le président lui rapporte que certaines figures influentes de Philadelphie ne la soutiendraient pas car elle aurait « dit du mal » de lui.
« Joe s’est alors lancé dans une tirade sur ses propres performances lors des débats précédents : ‘Je l’ai battu l’autre fois ; je ne me sentais pas bien lors du dernier débat’. Il insistait sur le fait que cela ne lui avait pas vraiment coûté auprès de l’électorat. Je l’écoutais à peine », confie-t-elle dans le livre.
Kamala Harris se dit alors « en colère et déçue » par cet appel, arrivé au pire moment, alors qu’elle s’apprêtait à affronter un Donald Trump en pleine dynamique de reconquête.
Des critiques sur la gestion des grands dossiers
L’ancienne vice-présidente ne limite pas ses reproches à cet épisode. Dans 107 Days, elle déplore également le manque de combativité de Joe Biden sur certains dossiers majeurs, comme l’avortement.
Elle revient notamment sur l’annulation, en 2022, de l’arrêt Roe v. Wade par la Cour suprême, une décision historique remettant en cause le droit à l’IVG à l’échelle fédérale. « Joe a eu du mal à parler des droits reproductifs d’une manière qui soit à la hauteur de la gravité du moment », écrit-elle.
Elle raconte aussi un 4 juillet marqué par la tension : « Il semblait si fragile », dit-elle à propos du président, qu’elle avait alors étreint, tandis que Jill Biden, la Première dame, semblait « à cran ». Moins d’un mois plus tard, le parti désignait officiellement Kamala Harris comme candidate, malgré les réticences persistantes de Biden à abandonner la course.
Un livre risqué pour le camp démocrate
En revenant sans filtre sur ces semaines de transition chaotiques, 107 Days offre une plongée inédite dans les divisions internes du Parti démocrate. Kamala Harris y trace une ligne claire entre le président qu’elle a servi et le candidat affaibli qu’il est devenu. Un équilibre délicat, alors que les démocrates, encore sonnés par leur défaite, peinent à afficher un front uni.
La publication du livre s’accompagne d’une tournée littéraire d’envergure : une vingtaine de dates prévues aux États-Unis pour défendre ce récit « franc et personnel », comme le qualifie Harris elle-même. Elle y livre sa version de l’histoire, mais aussi un appel à regarder en face les dysfonctionnements du parti.
