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Deux jeunes Allemandes ont été refoulées à Hawaï, menottées et fouillées à nu. Elles ont été accusées de vouloir travailler illégalement avec un visa touristique. Une mésaventure choc qui illustre la défiance croissante envers les touristes aux États-Unis.
Charlotte Pohl, 18 ans, et Maria Lepere, 19 ans, pensaient profiter d’un séjour idyllique à Honolulu (Hawaï) après avoir parcouru la Thaïlande et la Nouvelle-Zélande durant cinq semaines. Mais leur arrivée à l’aéroport ne s’est pas déroulée comme prévu. "Au contrôle des passeports, ils nous ont mises à l’écart pour des 'questions supplémentaires'. Au début, nous ne pensions pas que c’était si grave, mais cela est devenu très intense. Ils nous ont demandé pourquoi nous n’avions pas réservé plus de nuits ou de vols intérieurs, quels étaient nos plans, comment nous pouvions nous permettre de voyager, et surtout des questions sur le travail", raconte l'une des voyageuses sur le site Reddit.
La douane finit par décider que les deux amies ne sont pas autorisées à entrer aux États-Unis. "Ils ont dit que nous essayions de travailler illégalement, ce qui était faux. Nous avions des billets pour continuer notre voyage et nous voulions juste voyager". La suite est marquante pour les deux jeunes femmes : "Ils ont pris nos téléphones, nos passeports, et nous ont mises en menottes – ce moment était surréaliste. Vous êtes une touriste et soudain, vous êtes traitée comme une criminelle", déplore-t-elle.
"Elles voulaient entrer dans le pays sous de faux prétextes", assurent les autorités dans une déclaration. "Elles voulaient prétendument se rendre en Californie, mais ont ensuite admis qu’ils voulaient travailler ici. Avec leur visa ESTA, elles n’avaient absolument pas le droit de le faire". Les deux jeunes femmes nient ces accusations et affirment que leurs propos ont été déformés, voire inventés, après leur interrogatoire qui a duré des heures.
Une nuit en prison
Les deux jeunes femmes réussiront à convaincre les autorités de reprogrammer des billets pour le lendemain. Mais elles devront passer la nuit en détention. "Nous avons accepté, sans savoir à quoi nous attendre. (...) Ils nous ont emmenées au centre de détention d’Honolulu. C’était une vraie prison. Portes métalliques, cellules verrouillées, air glacial", témoigne-t-elle.
Nous avons dû nous déshabiller complètement
"Ils nous ont fait subir une fouille à nu complète. Il faisait vraiment froid. Nous avons dû nous déshabiller complètement, y compris enlever le soutien-gorge et les sous-vêtements, et même nous accroupir et écarter… Je n’ai pas envie d’entrer dans trop de détails, mais c’était humiliant et effrayant. Nous étions seules avec une agente féminine, mais quand même… on ne s’attend pas à ça en tant que touriste".
Après une nuit en prison, en compagnie d'autres femmes "qui se vantaient de leurs connexions avec des cartels", les deux voyageuses ont été emmenées à leur avion, escortées par deux agents. Elles sont ensuite rentrées en Allemagne avec une escale au Japon.
Un cas pas isolé
Le cas de Charlotte et Maria n’est malheureusement pas isolé. Le ministère allemand des Affaires étrangères rappelle qu’un visa ESTA ne garantit pas l’entrée sur le territoire américain : les douaniers peuvent refuser l’accès à tout moment. Jessica Brösche, une tatoueuse allemande de 26 ans, a tenté de franchir la frontière américaine depuis le Mexique, et a passé six semaines derrière les barreaux. Elle a été soupçonnée, elle aussi, de vouloir travailler illégalement. Elle a été renvoyée en Allemagne.
Ces événements contribuent à une baisse notable du tourisme international aux États-Unis. Le mois dernier, le pays a enregistré une chute de près de 12 % du nombre de visiteurs étrangers par rapport à l’année précédente. Cette désaffection s’explique par la crainte d’être refoulé ou même arrêté à l’entrée du territoire.
Tentant de rassurer les touristes, Marco Rubio, secrétaire d’État des États-Unis, a déclaré : "Ceux qui viennent ici pour soutenir le Hamas ou provoquer des émeutes doivent s’attendre à des problèmes. Les autres n’ont rien à craindre". Des propos qui peinent cependant à apaiser les inquiétudes croissantes.



















