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Le président américain a annoncé vouloir moderniser et rouvrir la célèbre prison de la baie de San Francisco, fermée depuis plus de 60 ans, pour incarcérer les délinquants les plus violents du pays.
Donald Trump poursuit sa croisade sécuritaire. Dans un message publié dimanche soir sur son réseau Truth Social, le président américain a déclaré avoir ordonné la réouverture et la modernisation de la prison d’Alcatraz, située sur un îlot rocheux au large de San Francisco, pour y enfermer "les criminels les plus dangereux et violents d’Amérique".

"Depuis trop longtemps, l'Amérique est victime de criminels vicieux, violents et récidivistes, la lie de la société, qui n'apporteront jamais rien d'autre que la misère et la souffrance", a-t-il écrit. "Aujourd’hui, j’ordonne au Bureau des prisons, ainsi qu’au ministère de la Justice, au FBI et au ministère de l’Intérieur de rouvrir, agrandir substantiellement et reconstruire Alcatraz", a-t-il précisé, estimant que cette décision marquera un "symbole de loi, d’ordre et de justice".
Une prison au passé légendaire
Fermée en mars 1963, Alcatraz reste l’une des prisons les plus célèbres au monde. Elle a notamment accueilli des figures du crime organisé comme Al Capone. Son nom est surtout entré dans la légende en 1962 après l’évasion spectaculaire de trois détenus, qui inspira le livre L’évadé d’Alcatraz, puis le film culte avec Clint Eastwood en 1979.

Pendant ses 29 années de fonctionnement, la prison accueillait en moyenne 260 à 275 détenus, soit moins de 1% de la population carcérale fédérale. "À Alcatraz, un prisonnier avait quatre droits: la nourriture, l'habillement, le logement et les soins médicaux. Tout le reste était un privilège qui devait être gagné. Parmi les privilèges qu'un prisonnier pouvait gagner, il y avait le travail, la correspondance et les visites des membres de sa famille, l'accès à la bibliothèque de la prison et les activités récréatives telles que la peinture et la musique", détaille l'agence fédérale.
Son fonctionnement coûtait près de trois fois plus cher que celui des autres établissements, en raison de son isolement géographique et de la nécessité d’y transporter nourriture, matériel et 3,8 millions de litres d'eau potable par bateau, l'île ne disposant d'aucune source d'eau douce.
Un fort impact symbolique et politique
Depuis sa transformation en parc national en 1972, l’île d’Alcatraz est devenue une attraction touristique majeure, attirant plus d’un million de visiteurs par an. La décision de Donald Trump de la remettre en service représente donc un virage radical, à la fois sur le plan sécuritaire et symbolique.
"La prison fédérale d'Alcatraz a fermé il y a plus de 60 ans. La proposition du président n'est pas sérieuse", a affirmé sur X Nancy Pelosi, élue démocrate californienne et ex-présidente de la Chambre des représentants.
Les Etats-Unis sont déjà dotés d'un établissement abritant les détenus les plus dangereux: la prison fédérale de sécurité maximale de Florence (ADX), surnommée "l'Alcatraz des Rocheuses". Unique aux Etats-Unis, elle héberge depuis 1994 dans une zone désertique montagneuse du Colorado (ouest) des condamnés pour terrorisme et des criminels, incarcérés à l'isolement total. D'après le Bureau des prisons, 357 hommes y sont actuellement emprisonnés.
Aucune date n’a encore été annoncée pour la mise en œuvre du projet de réouverture d'Alcatraz, qui nécessitera des travaux considérables de modernisation. Mais ce geste s’inscrit dans une stratégie plus large de durcissement de la politique pénale américaine voulue par le président réélu, dans un contexte de tensions autour de la criminalité et de l’insécurité.


















