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Le président américain Donald Trump a menacé lundi de "ne plus tolérer très longtemps" la position de son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky. Il a aussi indiqué que le président de l'Ukraine "devrait être plus reconnaissant".
En conférence de presse à la Maison Blanche ce lundi soir, Donald Trump a indiqué que le président Zelensky "devrait être plus reconnaissant", tout en soulignant que l'accord sur les minerais ukrainiens peut encore être conclu.
"Je pense simplement qu'il devrait être plus reconnaissant, car ce pays les a soutenus contre vents et marées," a affirmé M. Trump lors d'une cérémonie à la Maison Blanche. "Nous avons donné plus que l'Europe alors que l'Europe aurait dû donner plus. L'Europe est juste à côté et ce pays est très important pour eux. Ils ont été plus malins que Joe Biden qui a fait n'importe quoi."
Donald Trump a indiqué qu'il voulait la fin de la guerre. "L'argent, c'est une chose", dit-il. "Mais les morts, c'est autre chose. Zelensky a dit aujourd'hui que la guerre allait durer longtemps, il a intérêt à ne pas avoir raison."
Une première réaction sur son réseau
"C'est la pire chose que Zelensky pouvait dire et l'Amérique ne va plus tolérer ça très longtemps", a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social, commentant un article de l'agence Associated Press dont le titre est "Zelensky dit que la fin de la guerre en Ukraine est 'très, très lointaine'".
"Ce gars ne veut pas de paix tant qu'il a le soutien de l'Amérique", a déclaré Donald Trump, qui a menacé Volodymyr Zelensky lors de leur altercation vendredi à la Maison Blanche de "laisser tomber" l'Ukraine s'il ne se faisait pas plus conciliant.
Comme en écho aux propos du président américain, le Kremlin, qui avait ordonné en février 2022 l'invasion de l'Ukraine, a assuré lundi qu'il fallait "forcer Zelensky" car "il ne veut pas la paix".
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a martelé lundi soir qu'il voulait la fin de la guerre avec Moscou "le plus vite possible" après les accusations de son homologue américain.
Une altercation historique
L'altercation vendredi entre Volodymyr Zelensky, Donald Trump et son vice-président JD Vance dans le Bureau ovale de la Maison Blanche avait tourné autour des garanties de sécurité réclamées par l'Ukraine avant de signer un accord voulu par Washington sur l'accès des États-Unis aux minerais ukrainiens.
Quant aux alliés européens de Kiev, le président français Emmanuel Macron a évoqué l'idée dimanche d'une première trêve d'un mois "dans les airs, sur les mers et les infrastructures énergétiques", une initiative sur laquelle Londres a aussitôt souligné qu'il n'y avait "pas d'accord" à ce stade. Un sommet à Bruxelles jeudi sera consacré à l'Ukraine et aux questions de sécurité européenne.
Mais "ce sera un échec pour tout le monde si l'Ukraine est forcée à un cessez-le-feu sans de sérieuses garanties de sécurité", a souligné Volodymyr Zelensky dans la nuit de dimanche à lundi devant la presse à Londres. "Imaginons qu'une semaine après, les Russes recommencent à nous tuer et que nous ripostions, ce qui serait totalement compréhensible. Qu'est-ce qui se passera ?", a-t-il poursuivi.
Il a pris pour exemple les cessez-le-feu successifs déclarés dans le cadre des accords dits de Minsk dans l'est de l'Ukraine, entre 2015 et l'invasion russe massive de février 2022. "Les Russes diront la même chose qu'il y a 10 ans, que ce sont les Ukrainiens qui ont violé le cessez-le-feu", a ajouté M. Zelensky.
Donald Trump est-il prêt à lâcher Volodymyr Zelensky?
Ce n'est pas la première fois que les États-Unis font monter la pression après l'altercation entre les deux présidents ce vendredi. Des hauts responsables américains ont laissé planer dimanche l'idée que le dirigeant ukrainien pourrait devoir partir après le clash.
"Nous avons besoin d'un dirigeant qui peut traiter avec nous, traiter avec les Russes à un moment et mettre fin à cette guerre", a déclaré le conseiller à la sécurité nationale du président Trump, Mike Waltz. "S'il devient évident que le président Zelensky, soit pour des motivations personnelles soit politiques, diverge de la volonté de mettre fin aux combats dans son pays, alors je crois qu'on a un vrai problème", a-t-il ajouté, interrogé sur la chaîne CNN.
Ambiance "d'interrogatoire"
L'ancien président polonais Lech Walesa, icône de la lutte contre le régime communiste et Prix Nobel de la Paix 1983, a fait part de son "effroi et dégoût" quant à l'accueil réservé à Volodymyr Zelensky à Washington, dont l'ambiance rappelle selon lui celle "des interrogatoires menés par les services de sécurité et celle des salles des tribunaux communistes".
Sa lettre ouverte à Donald Trump a été cosignée par une quarantaine d'anciens prisonniers politiques de l'époque communiste en Pologne.
Friedrich Merz, le futur chancelier allemand, a été dans le même sens, estimant que l'altercation de vendredi n'était "pas une réaction spontanée aux interventions de Zelensky mais, manifestement, une escalade provoquée lors de cette rencontre dans le bureau ovale".
Le Premier ministre français François Bayrou a de son côté salué la ténacité du président ukrainien qui n'a "pas plié" face à Donald Trump dans cette "scène sidérante, marquée de brutalité et de volonté d'humiliation".
"Jamais le risque d'une guerre sur le continent européen n'a été aussi élevé"
À Paris, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a de son côté souligné que, plus de 35 ans après la chute des régimes communistes soutenus par Moscou en Europe, "jamais le risque d'une guerre sur le continent européen, dans l'Union européenne, n'a été aussi élevé".
"Pour mettre fin à la guerre d'agression russe en Ukraine, nous voulons que les Etats-Unis, par la pression, puissent faire venir Vladimir Poutine à la table des négociations et accepter de mettre fin une bonne fois pour toutes à ses ambitions impérialistes", a-t-il ajouté, à l'antenne de la radio France Inter.
Invités par le Premier ministre britannique Keir Starmer, quinze dirigeants européens, dont le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz, ont affiché dimanche leur engagement à soutenir Kiev et à se réarmer face à la Russie.


















